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des manchots Adélie
17 Octobre : Le premier Adélie sur l'île des Pétrels
Une tache noire
inhabituelle dans les rochers près du radier… Après un détour pour y
voir de plus près, cette tâche est finalement noire et blanche et
mouvante. Il faut se rendre à l'évidence, il s'agit du premier manchot
Adélie qui rentre d'un long voyage.
Après une
période hivernale de migration vers les océans, les Adélie reviennent
l'été sur les îles pour s'y reproduire. D'abord un, puis dix, puis cent
et en moins d'une semaine l'archipel c'est trouvé complètement tachetée
par ces animaux si drôles par leur démarche et leur caractère pour le
moins téméraire.
Ils occupent
dés à présent l'ensemble de la base et les rochers alentours, se
faufilent sous les bâtiments et surtout sous les fenêtres du 42 (le
dortoir). Les parades et les prises de bec pour la défense de leur nid
les rendent parfois bruyant au grand damne de certains hivernants. Pour
nous, leur retour signifie que l'hiver est terminé et que la relève va
arriver progressivement…
Charline GUERIN (programme " chimie de
l'atmosphère ")
Fin
d'hivernage de la 58ème Mission en Terre Adélie
A croire que les
Adélies se donnent le mot! En effet, et c'est assez incroyable, leur
arrivée coïncidant exactement avec celle des grands bipèdes, cousin
éloigné du singe, j'ai nommé "l'Homme".
Il
était prévu d'être sur zone à une centaine de kilomètres de la base
encastré dans le pack jeudi dernier (30 Octobre), mais il le sera
finalement quelques jours plus tard (dimanche) retardé par une avarie
machine; L'Astrolabe à l'occasion de cette première rotation de
l'année, ne sera pas visible.
L'annonce soudaine samedi soir du déchargement du navire programmé au
lendemain nous a pris quelque peu de court et lorsque nous vîmes apparaître
au petit matin au loin le premier hélicoptère et, jusqu'à ce qu'il se
pose devant nous, nous ressentions pour beaucoup un "p'tit quelque
chose au cœur".
Apparition hautement symbolique pour nous puisque synonyme de fin
d'hivernage.
Comme ça; hop d'un coup, sans prévenir comme un "cheveu sur la
soupe" dira un hivernant! 24h avant nous n'en savions encore rien et
là tout se terminait sur cette apparition soudaine: 1ère manifestation
visible du monde extérieur depuis 8 mois; et plus encore en voyant les
premières personnes mettre pied à terre sur le sol adélien.
Partagés, nous le sommes : entre regret de devoir abandonner d'un seul
coup notre cocon émergeant d'un hiver profond (tranquillité,
complicité, la base est à nous...) et joie de revoir enfin des gens
connus ou non.
On y retrouve
les campagnards d'été habitués du coin que l'on connaît déjà ; des
scientifiques présent pour leurs programmes le temps de quelques semaines
; et 2-3 futurs hivernants (assez réservés pour le moment) venus nous
remplacer et vivre une aventure similaire à la nôtre.
Mais mieux encore nous recevons enfin notre courrier tant espéré
(parfois en attente depuis février dernier!) et des produits frais; quel
bonheur que de pouvoir croquer à pleine dents kiwis, mangues, salades et
autres bananes depuis le temps que nous n'en avions plus !!
S'ensuit des rotations d'hélicoptères déposant des réserves de vivres
et bagages des arrivants ; auxquelles nous nous devons prendre part : la
manip' classique constituant à former des chaînes humaines pour se
relayer les colis des hélicoptères aux véhicules puis jusqu'aux
bâtiments concernés ("+4" et "-20").
Une impression de "déjà vu"? "oui" ; cela interpelle
plusieurs d'entre nous : cette impression d'avoir fait une manip'
similaire il n'y a pas si longtemps que ça, 1 ou 2 mois peut-être, alors
qu'en fait la dernière remonte au mois de février... coupé du monde,
dans un paysage presque figé, le temps était comme arrêté.
Peut-être est-il entrain de reprendre son cours normal ; pour nous...
1ère ballade à
la manchotière pour quelques nouveaux le soir même ... l'impression que
tout cela n'est pas réel ... exactement comme nous il y a près d'un an ;
déjà !
Pour beaucoup d'entre nous cet
hivernage, constituera une expérience extraordinaire et exceptionnelle
(de par la durée, l'isolement, les paysages, ...), qui peut-être et sûrement
demeurera la seule dans son genre de notre vie.
Daniel