Aurore australe 24
Juillet
Cadre de l'action : Milieu de soirée/ Discussion
autour du bar entre les 3-4 "pèlerins" restant de la base.
Mise en Scène : 1er Pèlerin : "Bon, je
pars me coucher" 2,3 & 4ème pèlerin: "Bonne Nuiiiiiit"
(retour du 1er pèlerin 10 secondes après son départ
du "Séjour") 1er Pèlerin : "Ya une aurore!" 2,3
& 4ème pèlerin (presque blasés) : "Encoooore?!!"
Et hop c'est parti !
Action :
On compose le "112", numéro spécial
"Aurore" qui permet d'alerter les personnes qui ont demandé à
être prévenues. Ça décroche et une voix passablement endormie répond
: "alloooooooo ? c kiiii ? Murflumblumrgh..."/ ceci 2 ou 3 fois de
suite afin de réveiller tous ceux qui le veulent. Quelques uns se
lèveront ; les autres trop "flagada" ne feront pas l'effort ;
grossière erreur ! S'ensuit un véritable "Branle bas de
combat", chacun court s'habiller chaudement, se dégoter son
matériel de photographe professionnel, et trouver LE spot idéal afin
d'avoir la meilleure vue possible du paysage. L'abri "Chantal"
où certains d'entre nous se rendent est sûrement l'un des endroits
privilégiés afin de se livrer à cet exercice, car il constitue le point
culminant de l'île tout en étant suffisamment éloigné de la base pour
éviter d'être gêné par les éclairages parasites de la station. On
coupe les lumières extérieures. "DDU" est totalement plongée
dans le noir. Le spectacle peut alors commencer.
Et quel spectacle !
Nous en avions déjà aperçu de belles ; mais celle-ci
dépassa toutes nos espérances ! "Immense" : puisque
s'étendant sur un secteur de près de 200 degrés de la pointe géodésie
jusqu'au delà de la manchotière, montant très haut dans le ciel
jusqu'à venir se stabiliser au dessus de nos têtes exactement au
zénith. Bonjour les torticolis! "Bluffante" : par la diversité
de formes s'offrant à nos yeux successivement voire en même temps parfois
: un brouillard, un "2" géant, une "galaxie spirale",
et ces formes "drapées" si caractéristiques que nous
retrouvons souvent lors des aurores (au coeur de ces dernières, un
phénomène étonnant cette fois-ci : un rayon de lumière donnant
l'impression de courir à l'intérieur). La seconde caractéristique qui
nous impressionna beaucoup fut sa vitesse de déplacement : rapide, très
rapide, fonçant parfois sur nous comme si elle tentait de nous emporter.
"Magique" : car le ciel totalement pur laissait apparaître des
myriades d'étoiles, la voie lactée elle-même se dessinant nettement sur
la voûte céleste ; ajoutez à cela quelques étoiles filantes, et une
quasi absence de vent laissant entendre au loin le chant des manchots...
le décor est planté.
Genèse d'un phénomène "extra"ordinaire
et méconnu (ou le "komenkçamarche ?") :
Une aurore est avant tout le résultat d'un phénomène
électromagnétique ayant lieu et se manifestant visuellement dans la
haute atmosphère terrestre (100 à 400km d'altitude). A l'origine de
celle-ci : la rencontre entre le "vent solaire" (ensemble de
particules électrisées libérées par le soleil) et l'enveloppe
magnétique terrestre ("magnétosphère").
D'un point de vue " magnétique ", la Terre
est en quelque sorte assimilable à un aimant. Pareillement à ce dernier
elle possède ainsi 2 " pôles magnétiques " (un Nord et un
Sud) et des " lignes de champs " magnétiques partent du Pôle
Sud pour rejoindre le Pôle Nord en formant des arcs de cercles invisibles
autour de la Terre. Plus on s'approche des pôles, plus les lignes de
champs se resserrent jusqu'à finir par se rejoindre, traverser
l'atmosphère et converger vers le pôle magnétique se trouvant sous
terre (dans l'hémisphère Sud, le pôle magnétique correspondant se
trouve en pleine mer non loin de la base " Dumont d'Urville ").
L'ensemble des particules électrisées se propage ainsi
le long des " lignes de champs " et finissent par rentrer dans
l'atmosphère terrestre. Les molécules présentes à ces altitudes
(oxygène et azote) vont être excitées par ces dernières et émettre de
la lumière (bleue, jaune ou verte). Ici en Terre Adélie nos aurores sont
toujours teintées de vert (interaction avec les molécules d'oxygène).
On quantifie l'intensité lumineuse d'une aurore, en prenant à titre de
comparaison une échelle allant de la luminosité de la voie lactée (pour
le minima) à la clarté d'une pleine lune (pour le maxima).
Les aurores ont lieu dans les 2 hémisphères à des
latitudes similaires ; en observant toutefois une fréquence maximale
d'apparition du phénomène aux environs de 70°. On parlera par ailleurs
ici "d'aurore australe" (par opposition aux
"boréales" de l'hémisphère nord).
Daniel (2nd Centrale)