Dumont d'Urville, le 12
mars 2007.
Notre hivernage a commencé, avec le départ du bateau,
le 27 février. Nous sommes 26, techniciens et scientifiques, y compris
notre Chef de Base Franck et Jean-Luc notre médecin. Actuellement la
banquise est en cours de formation, de gros nénuphars d'eau de mer gelée
se forment, s'entrechoquent aux abords de l'île des Pétrels.
Pratiquement tous les Manchots Adélie, et autre oiseaux, venant se
reproduire sur nos îles nous ont quitté.
Je
vais parler aujourd'hui des phoques de Weddell vivant sur les côtes
de l'Antarctique. Dans le cadre des études des animaux et de leur
environnement, j'ai été intrigué par un nouveau programme de recherche
sur les phoques de Weddell. J'ai demandé à mon camarade chercheur Jean-Benoît,
au cours de la campagne d'été avant qu'il nous quitte, de m'expliquer en
quoi consistait ce programme.
Il s'agit d'une étude franco/australienne, dont Jean-Benoît
est un des responsables, dont le but est d'améliorer notre connaissance
sur ce que font ces phoques pendant l'hiver, où ils vont se nourrir,
quels sont leurs déplacements en mer en surface et sous la
banquise, leur durée de plongée, les profondeurs atteintes, leur type de
nourriture et leur environnement tel que la salinité de l'eau.
J'ai appris que des profondeurs allant jusqu'à 800
mètres ont été enregistrées.
Pour obtenir ces informations, depuis l'année
dernière, 50 femelles et 60 jeunes ont été bagués pour un suivi à
long terme et une meilleure connaissance des variations de leur
population. Pour cela, les biologistes leur ont posé sous la peau une
puce électronique, après les avoir endormi temporairement. Quelques
phoques ont été équipés d'une balise Argos miniaturisée, collée sur
leur cou, pour pouvoir les suivre par liaison satellite. Lorsqu'ils
remontent à la surface de l'eau, la balise envoie les informations
collectées au cours de leur périples sous l'eau. Cette balise ne gêne
pas l'animal et par la suite, au moment de la mue, elle tombera avec son
ancien pelage.
Il faut savoir que tous les projets de recherche
sur les animaux, passent en France devant un Comité d'Éthique pour
l'Expérimentation animale du CNRS. Ces projets ne peuvent être mis en
application qu'avec l'accord du Comité.
Chaque année, au mois d'août, les femelles Weddell,
viennent mettre au monde leurs petits sur la banquise et début septembre,
comme chaque année, un recensement complet sera effectué.
Jean-Benoît, responsable de ces études a 37 ans, il
est Maître de Conférence, chercheur au Muséum d'Histoire Naturelle de
Paris, il a une Maîtrise, un D.E.A. et un Doctorat. Depuis 6 mois, il vit
en Australie à Hobart, dans le cadre de ce projet. Au cours de
cette campagne d'été, il était avec sa collègue australienne Virginia.
Pendant l'hivernage, c'est ma camarade Anne, 27 ans, qui continuera le
suivi de ce travail sur le Weddell. Anne a un DEUG de biologie et une
Maîtrise de biologie des populations et Eco- systèmes. En 2006, elle
était à Kerguelen (île sub-antarctique), pour étudier les "
Pétrels à menton blanc ", qui furent pour certains équipés eux aussi
de balise Argos pour connaître leurs zones de déplacement et de
nourrissage.
Aujourd'hui lundi, je suis de repos, il fait beau,
après l'envoi de ce texte et photos, je vais aller faire un tour sur
notre île, "prendre un peu le frais", il fait - 15°, pour
l'instant.
Je fais mes amitiés à tous,
Gilles ( cuisinier/intendant )