Dumont d'Urville, 27
octobre 2009
Octobre en Terre Adélie, une période d'une grande
richesse une fois encore.
Nous
sommes avant tout très impressionnés par la rapidité d'évolution du
printemps : depuis quelques jours l'obscurité complète a déjà disparu.
Nous nous sommes appliqués à savourer nos dernières aurores australes,
nos dernières voûtes célestes étoilées, qui prenaient de ce fait une
saveur particulière, presque une revalorisation. Le soleil est bien là,
la lumière est intense, éclatante dès les premières heures de la
journée, tout rayonne, explose de clarté. Il nous a semblé bénéficier
les semaines passées d'un temps plutôt généreux, appréciant des
périodes sans vent un peu plus conséquentes.
La faune, là encore avec une rapidité déconcertante
ne laissant aucun doute sur l'avancée des beaux jours, peuple maintenant
largement l'archipel et la banquise avoisinante. Certes le nombre
d'espèces présentes n'est pas énorme, mais leur retour est chargé de
symboles, c'est la vie qui surmonte l'hiver austral, c'est la promesse
d'une reprise de contact avec " l'autre monde ", c'est la nature
qui nous offre toujours plus de spectacle, ce sont de nouvelles prouesses
de reproduction. Impossible de ne pas tomber sous le charme du phoque
nouveau né contre sa mère, des poussins manchots empereurs qui
découvrent le mode de propulsion à plat ventre, du vol des pétrels des
neiges ou des damiers du cap… Le tableau s'est complété officiellement
dans l'émotion samedi 17 avec l'arrivée du premier manchot adélie sur
l'Île des Pétrels : nous sommes de nouveau en bonne compagnie lors de
nos déplacements d'un bâtiment à un autre, c'est l'époque de parades,
mais aussi le retour d'odeurs inoubliables sur la base !
Tout comme le départ des adélies suit de peu celui de
l'Astrolabe en début d'hivernage, leur retour est aussi un prélude à la
fin de l'isolement. Le bateau a quitté Hobart mercredi 21 octobre et nous
suivons sa progression jour après jour, avec un brin de suspense autour
du moment précis de l'arrivée de nos compagnons d'été et des premiers
hivernants de la TA60. La fin des huit mois de huis clos semble être pour
dans quelques jours, et chacun le ressent à sa façon. Il y a là un
mélange d'excitation, d'impatience, d'inquiétude, de soulagement, de
regret, de nostalgie déjà. Ce qui est certain c'est que nous vivons là
un moment des plus forts de l'hivernage et qu'il ne laisse personne
indifférent. Déjà on s'aventure à quelques ébauches de bilan, bien
conscients qu'il est encore tôt, que la mission n'est pas terminée pour
autant. Que dire ? A suivre, certainement.
Caroline Hallé