Dumont d'Urville,
9 décembre 2009
Il y a des
sensations qui marquent au décours du mois d'août en Terre Adélie…
Ceux qui ont eu la chance d'y vivre un hiver s'en souviennent certainement
de façon durable.
Après
le solstice de juin, peu à peu, tout doucement au début, les jours
rallongent. Les hivernants, au cœur de ce mini évènement, en guettent
le moindre signe. Si l'hiver est bien là, avec ses tempêtes et ses
chutes de neige, à chaque amélioration météo, lorsque le vent et le
ciel s'apaisent, l'inexorable retour du soleil se confirme, quelques
degrés de plus au dessus de l'horizon… Et des sensations retrouvées
!
Au cœur de
l'hiver, sans le réaliser, nous regardions le soleil, droit dans les
yeux, le pâle disque fugace roulant sur la banquise, plein nord. Et puis
un jour, on se surprend à devoir détourner les yeux : mais oui, il
éblouit !
A chacune de ses
apparitions on espère le moment où la sensation de chaleur sera de
nouveau perçue. Une impression au début, sur un coin de vêtement noir,
bien à l'abri du vent, on s'interroge, sans certitude jusqu'à cet
échange convaincu au moment du café entre hivernants : ah oui, c'est
certain, les rayons solaires chauffent à nouveau de façon perceptible !
Les joues sont formelles !
Et puis,
surprise, en mi journée on en vient à éteindre l'éclairage électrique
devenu superflu. Suivent le premier déjeuner à la lumière naturelle, le
premier réveil en même temps qu'arrive le jour, et ça et là on
surprend des rayons s'insinuant à l'intérieur des couloirs.
La rapidité
avec laquelle ces petits changements apparaissent nous étonne, les
longues journées d'obscurité nous semblent dater d'hier seulement. C'est
souvent le retour d'une de ces sensations qui nous fait prendre conscience
de sa perte préalable. Et gageons qu'il y en a encore quelques autres à
retrouver dans les mois à venir, pour notre plus grand bonheur.
Évidemment le
retour de plus longues journées permet de profiter plus facilement de
l'environnement malgré le temps encore hivernal, après la journée de
travail ou entre deux impératifs des programmes scientifiques. La
banquise, qui s'est montrée plutôt capricieuse cet hiver avec la
débâcle de début juillet (jusqu'à l'île côté nord, respectant
heureusement la zone de la manchotière côté continent) s'est bien
reformée et permet à nouveau d'approcher tel iceberg ou tel îlot
rocheux repérés auparavant. Les activités, les travaux extérieurs et
les déplacements sont de plus en plus aisés, tout cela suggérant que
les semaines à venir seront des plus agréables sans doute. Et prépare
aussi le prochain évènement marquant de l'hivernage qui commence à
occuper les esprits : l'arrivée de la première rotation de l'Astrolabe…
Caroline Hallé