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Archives 53ème mission
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poussins empereurs - Muskeg à Prud'homme
Juillet, synonyme en métropole de congé et d’occupations estivales dérivatives, fut marqué en Antarctique par la monotonie de la routine et le manque d’attention aux nouveautés. Le calendrier est tourné, voici la dernière ligne droite entamée. Les regards et les pensées sont irrémédiablement tendus vers le retour. Pourtant, la neige arriva enfin ! Avec les premiers flocons, les activités ludiques en tout genre, de la bataille rangée aux glissades sur la moindre pente, furent de mise. Les occupants de la base semblèrent retomber en enfance, mais rassurez-vous, l’espace d’un feu de paille. En effet, le temps gris, le ciel bas et le manque de visibilité empêchant les sorties loin de l’île, l’impression de se sentir enfermé fut envahissante voire obsessionnelle. Treize jours de neige furent comptabilisés par la météorologie ! Chiffre considérable pour les faiseurs de balades toujours plus reculées. Il est cependant facile de s’évader pour celui qui sait regarder et admirer les changements de Dame Nature. Pour ne citer que les formes et les couleurs des seuls icebergs, de véritables livres ouverts sont à notre portée. Les regardant tous les jours, il est aisé de les bien connaître et de vivre au rythme des altérations qu’ils subissent du vent qui les arrondit, du blizzard qui les sculpte ou du soleil qui fait luire comme des miroirs magiques leurs faces polies. Il est même possible d’avoir un pincement au cœur quand une de ces immenses montagnes s’écroule, minée par les éléments. Quel piteux amoncellement de glace après avoir montré un port superbe ! En début de mois, la manchotière fut prise d’une fébrile activité. Le ballet des femelles arrivant et des mâles partant recommença sous la baguette impérieuse de l’instinct. Vers le 10, de nouveaux cris nous signalèrent que les poussins étaient sortis de leur coquille. Être le premier a en apercevoir un ranima, pour un temps, la curiosité de chacun. Le chemin de la manchotière fut soudainement plus fréquenté. Ces éclosions, bien qu’en absence de toute publication, n’intéressèrent pas que nous. La voie des airs fut aussi bien utilisée. Les pétrels géants, prédateurs et charognards majestueux, prirent position au-dessus des manchots comme un vol de gerfauts sur le charnier natal… Naissance et mort ! Mais, il ne faut pas toujours rêvasser. Les missions doivent être accomplies. Les « techniques » ne sont pas de reste dans ce domaine. Divers carottages de la glace de mer révélèrent une épaisseur variant de 95 à 115 cm. La route de l’île du Lion à cap Prudhomme fut donc ouverte, en toute sécurité, d’abord aux Muskeg puis aux imposants tracteurs de gros matériel destiné à la préparation des raids de la saison prochaine. Quels nouveaux monstres que ces Kassbohrer allant à l’assaut de la plaine immaculée ! Les manchots, grands curieux, s’avancent à leur rencontre et les regardent, tels de bons vieux bovins les trains dans la prairie. Le dépôt du Lion se vide lentement tandis que Prudhomme s’éveille calmement dans l’attente de l’agitation de la campagne d’été. Dans le cadre du programme ICOTA, une « cabane de pêche », caravane orgueilleuse des raids passés, fut placée sur la banquise pour le plus grand plaisir du VCAT responsable. Il a ainsi un point de chute assuré, hors de la base, une fois par semaine. Chauffée, elle abrite un trou éternel, couvé à l’image de jeunes poussins de basse-cour. Elle trône raccordée à l’île par un puissant cordon ombilical, un câble électrique, véritable muraille de Chine pour nos compagnons sans ailes qui ont choisi de passer par-là. Du côté des sciences de l’environnement s’intéressant à l’ozone, des nuages stratosphériques polaires furent mis en évidence le 1er juillet et neuf sondages par ballon Météo-France furent effectués dans le mois au compte du projet QUOBI. Nos diverses activités ne nous permirent pas de partager ensemble le repas du 14 juillet, date à ne pas oublier, les deux cinéastes profitèrent d’une accalmie pour filmer les manchots, vedettes de leur film : « la marche de l’Empereur ». Heureusement, la mission se retrouva au grand complet pour le dîner des anniversaires du mois. Les cadeaux « made in DDU » firent, une fois de plus, la preuve de l’ingéniosité des hivernants. Tous ces petits changements furent, malgré tout, autant de repères pour les solitaires que nous sommes.
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