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Archives 53ème mission
Pour retourner à la page "Nouvelles des bases antarctiques", fermer cette fenêtre. Le mot des hivernants mai 2003
Couple de manchots
empereurs échangeant leur oeuf
Rien d’extraordinaire en ce mois de mai dans tous les domaines, même la météorologie n’a rien donné d’excitant : temps froid et sec (moins 24° à moins 6° ), quelques pointes de vent à 115 km/h, un jour de blizzard et trois de chasse-neige. Non, rien de très excitant. Le ballet des manchots continue sur la banquise. Les femelles, après un chant libérateur, abandonnent aux mâles vaillants leur œuf pour la couvaison sous l’œil attentif de l’ « ornitho ». L’approche de la Midwinter ne mobilise pas, pour l’instant, le gros des troupes. Trois partis soutenant un candidat à l’élection du « 11TA », dont on ne sait toujours pas ce qu’il va représenter, se sont fait connaître : le Mouvement pour l’Éradication du Travail et l’Épanouissement de l’Oisiveté dont les initiales renseignent sur les adhérents, le Comité Hyper Avant-gardiste pour un Monde Peace et Inspiré du laboratoire Instrumentation et le Parti Technique des Forces Ouvrières Récalcitrantes dont le seul énoncé suffit à lui-même. A part un essai de corruption avec du gâteau aux carottes, peu d’activité militante. Les souvenirs, bien vivants en nos esprits, des récits et des écrits des « Anciens » sur ce moment exceptionnel de la vie d’un hivernage ne semblent pas se matérialiser à nouveau. Mais, peut-être est-il encore tôt pour baisser le rideau sur ces journées mythiques. Les muses, belles dames, se font seulement et naturellement attendre. Trouver, pour 4 à 5 heures de luminosité, le but de sortie restreinte au périmètre de sécurité est la préoccupation majeure. Le ciel clément appelle au dehors et les repas de midi se partage tout au plus à 10 ou 15 sur 28. L’émulation est là, le désir de faire plus et d’aller plus loin que le voisin ronge : qui à l’assaut du rocher, qui à l’assaut d’une montagne de glace ! Hélas, il y a toujours la remarque avisée du chef de base… Le joli mois de mai de métropole riche en fêtes officielles et en fleurs n’a eu qu’une pâle image sous le soleil bien fatigué de l’Antarctique. Seul un repas a marqué de son sceau la liste des menus : un « cassoulet créole ». Est-ce à cause du nom ou à cause du souvenir impérissable qu’il a laissé sur notre langue gourmande ? Lecteur, à vous de deviner. Le travail, en trame quotidienne, s’accomplit sans problème notable. La radio assure le lien indispensable entre la base, les « manipeurs » ou les promeneurs. Le VCAT ICOTA va pêcher et faire des prélèvements d’eau de mer grâce au service technique qui scie, creuse ou éclate la banquise tout en pestant. Les VCAT « écophysio » et « ornitho-thermo » étudient toujours le manchot épaulées par de nombreux volontaires qui attrapent ou transportent les cobayes. Les locataires du laboratoire Instrumentation assurent leur routine quarte. Les glaciologues ont des démêlés avec leurs appareils d’analyse et comptent les absences de chute de neige. La météo engrange des données, les cinéastes filment les manchots et les icebergs, l‘équipe de la cuisine fait obligatoirement sécréter tous les jours nos glandes salivaires. Le médecin ne fait rien, priant que Bonne Santé ne nous abandonne pas, le chef de district sage, observant et analysant n’en fait guère plus. Le service technique, en dehors des diverses sollicitations, veille à l’entretien général de Dumont d’Urville, à la fabrication de l’eau, de l’électricité, en deux mots au bien-être ! Rien d’extraordinaire, vous l’avez constaté dans les faits, mais en nos cœurs un trésor s’amoncèle : ces heures sont vécues en Antarctique. Retour au menuContinuer au mois de juin 2003 |
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