VOYAGE EN LAPONIE DE MONSIEUR DE MAUPERTUIS.

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Description

Au XVIII^e siècle, pour mettre fin aux querelles entre savants anglais et français sur la forme de la Terre, le roi Louis XV accepte de financer l’expédition de Monsieur de Maupertuis en Laponie. Il est chargé de mesurer un arc de méridien au nord (N.D.L.R. : tandis que l’expédition de La Condamine est envoyée dans ce même but vers l’équateur, au Pérou) pour vérifier si notre planète a la forme d’une courgette ou d’une mandarine et ainsi départager les uns et les autres. Le 20 avril 1736, six savants des plus éminents embarquent à Dunkerque sur le Prudent pour gagner le nord de la Suède. Ils reviendront un an plus tard après de nombreuses péripéties tant scientifiques qu’amoureuses.

Tel nous est présenté le texte de la spécialiste du XVIII^e siècle, agrégée de philosophie et maître de conférences à l’École polytechnique qu’est Élizabeth Badinter. L’auteur suit pas à pas ce voyage, racontant avec détails cette aventure à partir de ses propres recherches et du récit de l’abbé Outhier qui, entre autres, tint le journal quotidien de l’expédition. Outre l’intérêt historique et documentaire, la mise en image du texte apporte poésie et fantaisie au récit. La rencontre de la philosophe, qui signe là son premier écrit destiné à la jeunesse, et d’une illustratrice talentueuse pourra séduire aussi un public adulte.

En 1994, curieux et peu conformiste, le regretté éditeur et auteur André Balland avait présenté et commenté le Journal d’un voyage au Nord pour déterminer la figure de la Terre, par M. l’abbé Réginald Outhier sous le titre La Terre mandarine (Seuil). Si les 64 pages du texte d’Élizabeth Badinter ne sauraient être comparées aux 286 pages d’André Balland, dont une trentaine de présentation, le premier livre aborde des aspects absents du second, lesquels n’entachent en rien le sérieux des tâches accomplies : gaieté, appétit pour les bonnes choses de la vie que manifestent presque tous les membres de l’expédition, goût pour le boire, le rire, la danse et les jolies femmes. Il y a peu d’années cet abord eut été impensable dans un livre destiné à la jeunesse. Ces traits de caractère sont présentés de façon parfaitement naturelle tout au long des pages et ne sauraient choquer. Puisse cet exemple de savants abhorrant toute austérité donner ou redonner le goût des sciences à la génération montante !

Le style est clair et alerte, toutefois peut agacer une nette propension à utiliser le « on » : à 45 reprises sur 23 pages, dont 8 en page 24 (de 9 lignes), 6 cinq pages plus loin. Ajoutés à de nombreux « ont », tous ces pronoms impersonnels font beaucoup de consonances. Gageons qu’une minorité de jeunes lecteurs ressentiront cette petite irritation, laquelle n’entame en rien la qualité de ce petit livre à la fabrication soignée.

Benoît Tollu

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Élizabeth Badinter, images de Jacqueline Duhême.

Avril 2003, Seuil jeunesse, couverture cartonnée & illustrée, 24 x 16,5 cm, 40 illustrations, 2 cartes, 64 pages.

ISBN 2-02-057121-8.