Voyage dans l ’anthropocène, cette nouvelle ère dont nous sommes les héros

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Voyage dans l ’anthropocène, cette nouvelle ère dont nous sommes les héros

Prix : 19,80

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Description

Ceci est un ouvrage de combat, de deux combats : d’abord pour soutenir la théorie d’un réchauffement climatique par le récit d’expériences scientifiques menées par l’un des auteurs depuis cinquante ans, et en même temps pour expliquer, déterminer, et faire entériner de façon internationale la notion d’ANTHROPOCÈNE.

Les deux auteurs – Claude Lorius, membre de l’Institut, savant géophysicien, à la notoriété reconnue par de nombreuses distinctions et récompenses dont le Blue Planet Prize, et Laurent Carpentier, journaliste scientifique spécialisé dans les questions environnementales – ont mis leurs talents en commun pour rassembler et rédiger tous les arguments et leurs conclusions. Ils ont, d’ailleurs, tellement travaillé en commun qu’il n’est plus possible de clairement discerner la part de l’un et la part de l’autre dans la rédaction de l’ouvrage. Leur « combat » est marqué par la mesure, la prudence, le respect d’autrui, enfin par la courtoisie que se doivent réciproquement des chercheurs.
S’adressant à un grand public éclairé, l’ouvrage a la forme originale d’une conversation. En 2010, les deux auteurs se sont liés d’amitié devant le beau spectacle de l’Evigedhesfjord, le fjord de l’Éternité, sur la côte ouest du Groenland. Là, Claude Lorius évoque son parcours de glaciologue devenu spécialiste des glaces polaires au cours de vingt-deux expéditions en Antarctique, en Arctique et au Groenland. Itinéraire passionnant que celui de ce savant, qui s’ouvre avec l’Année géophysique internationale de 1957 : tout jeune licencié, il est volontaire pour passer un an de solitude à trois, au cœur du continent blanc dans la base Charcot – enterrée dans la neige, 4 mètres sur 6, 2 400 m d’altitude, à 320 km de la côte –, et découvrant, selon sa belle expression, que « l’Antarctique est un balcon, avec une vue sur le monde imprenable ». Il est à nouveau volontaire pour participer à un vaste raid de 2 500 km avec les Américains en Terre de Victoria, et c’est là qu’il commence vraiment l’étude des moyens pour déterminer l’âge des glaces : il invente le thermomètre isotopique, un procédé qui permet de mesurer la composition des bulles d’air piégées dans les profondeurs. Il consacre des années à préparer les expéditions suivantes, en collaboration avec Américains, Soviétiques, Australiens, et les aventures ne manquent pas. Il faut raconter l’anecdote, devenue presque aussi célèbre que celle de la pomme de Newton : Lorius, en mettant dans son whisky des glaçons recueillis sur un forage et voyant des bulles d’air éclater dans son verre, a l’intuition brutale et subite que la glace pourrait contenir les archives de l’atmosphère ! Il établit de solides contacts avec les Russes et les Américains et, en 1984/85, trois Français débarquent à Vostok, la base russe installée exactement au « pôle du froid » de la Terre. 1985, conférence internationale sur le climat à Villach, en Autriche : les courbes, que Lorius peut y présenter d’après tous ses travaux, emportent l’adhésion de la communauté scientifique à la théorie d’un important réchauffement climatique très récent. C’est que les concentrations atmosphériques de gaz, comme le CO2, sont en corrélation, dans le temps, avec les changements de température sur la planète. C’est ici qu’on arrive à une époque inédite dans l’histoire géologique de la Terre. Cette époque, dominée par l’homme, mérite le nom d’Anthropocène, mot utilisé depuis le XIXe siècle, mais surtout depuis les années 2000. Un tableau en couleurs, sur trois pages à la fin de l’ouvrage, présente les divisions de l’histoire de la Terre – plus de quatre milliards d’années – telles que les ont déterminées les géologues ; sur ce tableau, l’ère anthropocène est rajoutée juste au-dessus de l’holocène. Et son nom sera discuté pour officialisation au prochain congrès mondial de stratigraphie à Brisbane en 2012. Il est convenu de proposer son début à l’invention de la machine à vapeur de James Watt, en 1784. En effet, ce serait à partir de cette invention, la première de toute l’époque industrielle, que « l’homme altère l’atmosphère de la Terre par les émissions de gaz à effet de serre ; que l’homme bouscule l’hydrosphère et rend les eaux plus acides ; que l’homme agresse la lithosphère en érodant les sols ; que l’homme trouble la biosphère en provoquant l’extinction de nombreuses espèces ». L’homme est devenu la principale force géologique de la planète : l’ère anthropocène serait donc bien nommée, mais… elle verrait la fin de notre monde. Alors reprend la conversation entre le glaciologue Lorius et l’écrivain Carpentier, là, sur le pont du bateau devant le fjord de l’Éternité : cette fois c’est une contestation philosophique. Cette fin du monde programmée, deux grands penseurs l’ont déjà plus ou moins annoncée, l’un l’économiste le pasteur Malthus (1766-1834), l’autre le naturaliste Darwin (1809-1882). Il faut que la civilisation industrielle infléchisse son cours.

Il faut que l’homme arrête de croire à une exploitation infinie de la planète de même qu’à un progrès infini, qu’il arrête de se confier aveuglement à la toutepuissance de la science de même qu’à sa toute-puissance à lui. Et les deux amis le disent et le redisent sur des pages et des pages : il faut être humbles, toujours chercher à savoir et à comprendre, et toujours respecter la nature autant que les hommes. Changer le penchant actuel à la course au gain à tout prix est un combat qui s’annonce rude. Aussi les auteurs insistent-ils sur deux leviers, qui ont prouvé leur existence indispensable au cours de tous leurs travaux. L’un est le levier de l’amitié, l’autre est le levier politique. L’amitié, entre les individus et entre les peuples, a montré son efficacité avec la création du Traité sur l’Antarctique : un traité unique en son genre, qui tient maintenant depuis plus de cinquante ans, et qui proclame l’Antarctique un continent international, exclusivement réservé à la paix et à la science. Quant au levier politique : toute recherche demande de faire des choix, d’obtenir d’importants moyens financiers des gouvernements, qui doivent savoir convaincre leur opinion publique de la gravité de notre situation terrestre. On ne peut plus couvrir la terre d’aérodromes, d’autoroutes, d’incinérateurs, etc., on ne peut plus exploiter à tout va. Il y a quelques années, Claude Lorius avait dit : « Je suis pessimiste sur l’évolution de la planète dans les années à venir, je ne pense pas que l’homme soit capable de faire passer l’intérêt de la planète avant le sien ». Aujourd’hui, il semble qu’il ait repris un esprit de combattant : ce livre en est la preuve ! Sur un bateau de croisière nommé le Diamant, dans un splendide fjord de la côte ouest du Groenland nommé Illulissat, le 3 août 2009, Claude Lorius s’est vu remettre les insignes de commandeur de la Légion d’honneur par Michel Rocard, ambassadeur pour les pôles, député européen, ancien Premier ministre. Celui-ci, dans son allocution, a insisté sur l’importance de l’initiative personnelle, et sur les rapports d’amitié entre chercheurs comme entre politiques. Et il conclut : « Que l’humanité devienne courageuse ! Nous sommes dans l’Anthropocène. Nous devons nous battre ! » Gracie Delépine (15 mars 2011) Conservateur en chef honoraire à la Bibliothèque nationale de France

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Claude Lorius, Laurent Carpentier.

Postface de Michel Rocard, ambassadeur pour les pôles.

Actes sud – broché, couverture illustrée – janvier 2011 – 14 x 19 cm – nombreuses photos couleurs sur double page, cartes, graphiques, tableaux – 198 pages –

ISBN 978-2-7427-9534-5.

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