SUR LA PISTE DU MAMMOUTH

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Description

Signalée à la page 35 du N°48 de la Lettre, l’expédition Mammuthus (et non Mammulthus) a fait l’objet de nombreuses communications dans la presse. Rappelons qu’il s’agit de l’exhumation puis du transport à Khatanga (Taymir) du mammouth congelé Jarkov, nom du Dolgan découvreur de ses défenses.

Genèse et déroulement de cette opération, due à une initiative privée française, sont l’objet de ces deux volumes, lesquels se complètent l’un l’autre : relation pour le premier, album pour le second, sortis des presses pour l’inauguration de l’exposition parisienne Mammouth, ouverte du 26 octobre 2000 au 4 mars 2001 au Palais de la découverte.

Comme le souligne Yves Coppens dans l’introduction du livre de Bernard Buigues, son aventure sibérienne est extravagante, mélange de passion, de détermination, d’amitié et de fidélité partagées, d’habileté et de chance. Ce récit est un bel exemple d’initiative passionnante, intelligente, bien conduite, bien gérée, un beau modèle d’action à la fois personnelle et collective, de joie de vivre et d’esprit d’équipe, de courage et de ténacité. Et il en fallait pour vaincre non tant les difficultés du terrain, familières à l’auteur, que les tracasseries administratives, les susceptibilités de responsables plus ou moins importants, les pénuries et désorganisation héritées de l’ex-URSS ou consécutives à son effondrement.

Octobre 1999 : dans le ciel de Sibérie, un hélicoptère MI.26 transporte, accroché à deux câbles d’acier, un bloc de permafrost de vingt-trois tonnes d’où dépassent deux longues défenses. Buigues rêve de ce moment depuis deux ans qu’il remonte étape par étape la piste des mammouths et a entrepris les premières fouilles. Homme de terrain, spécialiste de logistique polaire (avec Christian de Marliave il dirige l’organisation CERcle POLaire EXpédition, 2 avenue de la pelouse, 94160 Saint Mandé) mais non paléontologue il a su intéresser, motiver et s’entourer de scientifiques russes, français, hollandais et suédois.

Sortir du sol un mammouth entier pour l’étudier n’est pas le seul but. Le vrai défi est de parvenir, grâce à lui, à une photographie de la faune, de la flore, du climat il y a 20.300 ans. Ceci sera l’oeuvre de scientifiques du monde entier. (…) Bien avant que la communauté scientifique ne s’intéresse à lui, j’avais entrepris de faire de Jarkov un symbole de rapprochement entre le millénaire qui s’achevait et la fin de l’ère glaciaire (…), l’utiliser pour relier par-delà les frontières géographiques toutes les cultures du monde qui ont été un jour en contact avec le mammouth. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons choisi de baptiser Mammuthus l’ensemble du programme : ce nom se comprend en russe, en anglais et dans toutes les langues du bassin méditerranéen.

Si les manques de sommaire et de têtes de chapitres sont un défaut mineur pour une lecture ininterrompue, ils sont regrettables si elle doit être fractionnée ; leur existence aurait facilité d’éventuels retours en arrière. Cette absence est moins gênante pour le recueil de belles images proposé par Francis Latreille : évocation successive des Dolgans, du Taymir, des site et diverses étapes de la fouille et transport, de Khatanga où l’animal est maintenant livré à l’investigation scientifique, abrité dans une portion de galerie creusée dans le sol gelé du temps de Staline. Légendes et textes, dix sept, de une à deux pages, sont émaillés de quelques erreurs, trop bénignes pour être citées et ne gâtant en rien le plaisir des yeux. Les cadrages sont soignés et si des mises en scène souvent évidentes diminuent la spontanéité, elles accroissent l’esthétique de l’ensemble.

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Bernard Buigues avec la collaboration de Jean-Charles Deniau.

Octobre 2000, Robert Laffont, Paris. Broché, 15,3×24 cm, 32 photos couleurs en 2 cahiers et 1 en couverture, 1 carte, bibliographie, 288 pages.

ISBN 2-221-09206-6