SEULE DANS LE VENT DES GLACES

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SEULE DANS LE VENT DES GLACES

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Description

Difficile de qualifier ce texte indigent, imprimé en gros caractères pour lui donner du volume, souvent mal écrit malgré -ou peut-être à cause de- la collaboration d’un ghost-writer, qualificatif plus élégant que « nègre ».

Impossible sans éprouver un certain malaise de le comparer aux nombreuses relations du même genre parues depuis une dizaine d’années.

Inanité du but poursuivi, voire tromperie, lorsqu’il y a refus de considérer ce raid comme une quête personnelle et une performance sportive (tout à fait honorables lorsque reconnues comme telles). Que de prétention de la part de cette personne qui, il y a vingt ans, débutait sa carrière d’explorateur en parcourant le G.R.20 (sic!, cf. p. 80), revendique être venue là pour explorer l’inaccessible (p. 130), présente (p. 203) comme une nouvelle étape dans l’exploration de l’Antarctique cette traversée (qui n’en est pas une, cf. infra), aspire simplement (ben voyons!) à être le vecteur d’une meilleure connaissance du monde (p. 65).

Difficile évidemment de reconnaître que, comme pour bien d’autres pour lesquels l’aventure (avec un petit a) est devenue un job, l’Antarctique n’est qu’un terrain de jeu avant de passer à autre chose afin de raviver l’attention des médias et trouver de nouveaux sponsors. Ne caresse-t-elle déjà pas le rêve de battre le record mondial de saut en parachute sans oxygène (p. 74) alors que, information confirmée par ceux ayant suivi son initiation, elle n’a effectué que quelques sauts ?

Peut-on encore parler d’Aventure (avec un grand A cette fois) lorsqu’avec un spécialiste de logistique polaire on a signé un contrat d’assistance, souscrit une assurance pour une éventuelle récupération, que l’on ne s’imagine pas privée de téléphone (avec liaisons quotidiennes) au beau milieu de la traversée (p. 30), (…) qu’il y a aussi les contacts hebdomadaires avec mes filles et les interviews en direct avec France Inter (p. 35), abondamment profité de l’aide généreuse l’IFRTP, sans laquelle la tentative se serait soldée par un échec.

Relevées au fil des pages, les impropriétés de termes, les maladresses et erreurs ne peuvent être citées toutes. Pis, elles abondent dans les annexes dont ce genre de livre ne peut se passer pour prétendre être sérieux et apporter un complément d’informations… que l’on y trouve rarement.

L’emploi fréquent du mot traversée est abusif. Une traversée est l’action de parcourir un espace d’une extrémité, d’un bord à l’autre. Le fait d’avoir rallié le pôle sud depuis Hercule Inlet puis, deux ans plus tard, DDU depuis le pôle austral ne peut être considéré sensu stricto comme la première traversée de l’Antarctique par un humain porteur de la paire d’hétérochromosomes XX (p. 221).

Aperçue sur la glace, et non sur le sol, une petite boule grise ne peut être identifiée comme étant un skua (pp. 68-69) – Les îles Lofoten ne sont pas situées à l’extrémité nord de la Norvège (p. 72) – En Sibérie, pour se défendre des ours blancs, nous étions équipés d’une vingtaine de lance-roquettes et de trois fusils (p. 149) – Que penser du poil lustré des manchots (p. 201) – des pétrels des neiges, les seuls à faire leurs nids à même la glace – des éléphants de mer sur la banquise, lesquels, selon ce que l’on pouvait supposer et des témoins, étaient des phoques de Weddell ou des léopards de mer (p. 202) – d’une colonie de manchots qui plonge (la colonie, pas les manchots, p. 204) – du continent recouvert d’une banquise appelée inlandsis (si, si, je vous assure, voyez page 209) – des noms communs flanqués d’une majuscule et des noms propres d’une minuscule – des toponymes et/ou noms d’organismes à l’orthographe écorchée,  variable d’une page à l’autre – de dénominations incorrectes (IFRTP qualifié de REgroupement d’intérêt public, Traité DE l’Antarctique et non SUR l’Antarctique) – de Dumont d’Urville à la fois capitaine des bateaux l’Astrolabe et la Zélée et de Scott mort AVANT d’atteindre le pôle sud (p. 220) – de « grandes dates » erronées ou du moins imprécises – Etc.

Assez ! De qui se moque-t-on dans cette littérature de bazar? Si l’auteur ne le fait pas, ou est inapte à le faire, l’éditeur au moins devrait respecter le lecteur lambda qui avalera ce fatras sans se douter des nombreuses corrections qui s’imposaient.

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Laurence de la Ferrière,

en collaboration avec Françoise de Maulde. Septembre 2000, Éditions Robert Laffont, Paris. Broché, 15,3×24 cm, 2 photos N&B, 32 photos couleurs en deux cahiers + 2 en pages de couverture, 1 carte, 12 annexes, 240 pages.

ISBN: 2-221-09200-7.

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