LA COMPLAINTE DE L’OURS
LA COMPLAINTE DE L’OURS
Prix : 16,16€
Description
A travers quinze chroniques d’une douzaine de pages chacune, l’auteur tente de décrire le monde arctique, son évolution et tire la sonnette d’alarme. Bien qu’aucune date ne soit donnée, ces textes trouvent leur origine ou sont rapportés à la circumnavigation du Spitsberg et à l’hivernage d’Antarctica au Bellsund (1995-1996), à une soixantaine de kilomètres de Longyearbyen, dans le cadre de l’expédition Circum Polaris, malheureusement interrompue par défection de la fondation Elf. (Voir à ce sujet l’excellent dossier pédagogique alors préparé par Pierre Avérous: L’Arctique et l’environnement boréal, collection Autrement dit, C.N.D.P., Paris).
Destiné à un large public ce livre prêche la bonne parole en termes simples ; sa lecture est facile. Il est d’autant plus regrettable que certaines informations, certains mots n’aient pas été plus longuement pesés lors de l’écriture. Ainsi eussent été évitées quelques impropriétés et la réitération de quelques inexactitudes laissant à penser, ce qui est improbable, que la documentation de l’auteur est anachronique.
S’il est admissible de parler de la gueule des cétacés à fanons (p. 55), cela ne l’est plus quand il s’agit des guillemots à miroir (p. 43) – Mieux vaut parler DES copépodes, sous-classe de Crustacés, que DU copépode s’il ne s’agit pas d’une espèce particulièrement désignée (p. 19) – Les morses ne se nourrissent pas en grattant le fond avec leurs deux longues dents acérées (?, pp. 87-88) puisque leur usure se fait quand les animaux avancent en fouillant du museau les sédiments; elle commence par la face antérieure de l’extrémité distale ; ceci est confirmé par la façon dont sont usées les très nombreuses vibrisses faciales; au fur et à mesure de leur croissance les défenses tendent à s’incurver vers l’arrière, la zone d’abrasion se déplace alors progressivement vers le haut puis se stabilise vers le milieu de la courbure; il n’y a pas d’usure latérale ni postérieure permettant de supposer des mouvements latéraux ou antéro-postérieurs pour fouiller les sédiments – Ce n’est pas la peau du cétacé mais le pannicule, sous-cutané, qui peut être découpé en épais lambeaux de graisse (p. 54). En néerlandais, smeeren signifiant graisse ou lard, il est abusif de traduire par village de la graisse de baleine Smeerenburg, station de dépeçage et d’extraction d’huile construite dès 1619 sur Amsterdamøya (p. 64) – Sans anthropomorphisme, le terme de visage, partie antérieure de la tête dans l’espèce humaine ne peut, être appliqué à l’ours (p. 96), sans prêter des sentiments aux animaux de décrire comme malicieux et attendrissants ses yeux (p. 175), joueurs et attendrissants ceux du phoque (p. 197) – Afin de distinguer les Alcidés (pingouins, guillemots, macareux… toutes espèces boréales) des Sphéniscidés (manchots, espèces australes mais dans leur majorité non antarctiques), pour qui n’est pas un peu versé en ornithologie, rappeler que le guillemot de Brünnich appartient à la famille du « pingouin du Nord » (Grand pingouin ou pingouin brachyptère, disparu aux alentours de 1844) manque de clarté (p. 92) – N’est-il pas incomplet d’évoquer la seule glace polaire, en sous-entendu son pouvoir de refroidissement, et d’omettre le rôle de la salinité pour expliquer le moteur de la circulation des eaux profondes (p. 13, circulation thermohaline) – Le traité de Paris (et non de Versailles) sur le Spitsberg du 9 février 1920 suit la première guerre mondiale et non la seconde (p. 59) – La capitale des Territoires du Nord-ouest (Canada) est Yellowknife et non Yellownife (p. 67); il ne faut pas confondre Nordenskjöld (Otto, avec un j) et Nordenkiöld (Adolf Erik, avec un i) à qui l’on doit, et non à qui l’on devait, la découverte du passage du nord-est (p. 89) – Comment, pour viser, le regard du chasseur s’arrête-t-il sur le viseur afin de ne pas croiser le regard de sa proie (p. 77) et le soleil peut-il chauffer la lumière de ses rayons rasants (p. 90)? – Le vent solaire, flux de particules diverses sous forme de plasma ne peut être qualifié de flux de rayons sans induire une confusion avec la lumière (p. 120) – L’un des premiers stades de la formation de la glace de mer, sorte de soupe dense, n’est pas une saumure épaisse (p. 108) et encore moins du nilas, fine croûte élastique de glace flottante dont les fragments se chevauchent souvent (rafting), mais du frazil qui se transforme en glace pelliculaire (grease ice) – Doit-on rappeler encore que le singulier inuk s’écrit au pluriel inuit sans s terminal (p. 64, 70,192) – Absent des dictionnaires le mot mucher n’est-il pas une francisation abusive du musher anglo-saxon, dérivé de mush, voyage en traîneau tiré par des chiens (p. 65) ?
La plupart de ces inadvertances resteront inaperçues par la majorité des lecteurs, c’est tant mieux car elles sont irritantes pour qui les remarque. Ce livre est fait de passion, de sincérité, du goût de partager ce qui est aimé, de rencontres parfois insolites (voir à ce propos l’histoire du vieil Utwig qui parle à l’ours blanc venant à sa cabane déguster quelques cuillerées de confiture, pp. 134-136), cela sans se mettre en avant comme le font trop de pseudo-héros et de faux prophètes à leur retour de ces régions.
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Jean-Louis Étienne.
Novembre 2001, JC Lattès. Broché, 13 x 20,5 cm, 2 photos couleurs en pages 1 & 4 de couverture, 2 cartes, 200 pages.
ISBN 2-7096-2221-1.