CHASSES DES PRINCES D’ORLÉANS.

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Description

À l’exception de rares articles, dont une note intéressante due à Joëlle Robert-Lamblin, datant de 1989 (Note sur l’île de France… du Groenland oriental, in Boréales, N°38/39, p. 105-111), les voyages arctiques du duc d’Orléans à bord de la Maroussia puis de la Belgica semblent avoir été engloutis par les brumes de l’oubli, tout comme, à la fin des années cinquante disparurent la majorité des collections léguées par lui au Muséum National d’Histoire Naturelle. D’où l’attention portée à ces parutions, malheureusement d’intérêt très inégal.

Des deux ouvrages, seul le premier, d’allure pourtant modeste, est intéressant et utile. Plus des deux tiers sont consacrés aux expéditions arctiques et africaines, à la constitution des collections, à leur état actuel. Une vingtaine de pages évoquent les expéditions de 1904 (Spitzberg), 1905 (Groenland), 1907 (mer de Kara), 1909 (Terre François-Joseph). Le texte est complété par plus de cent trente notes regroupées en fin d’ouvrage, lesquelles précèdent une chronologie, deux tableaux généalogiques, une bibliographie regroupant les ouvrages écrits par le duc d’Orléans ou sous sa direction, la localisation des archives, la liste des quarante-trois publications consultées, un index des noms de personnes.

Seuls sont à regretter : une apparente confusion entre les phoques bleus, barbus et à capuchon (p. 61, 62 et 91), due à l’emploi peut-être hasardeux de deux conjonctions, l’une de coordination, l’autre disjonctive (et, ou) – une petite erreur, lorsque l’auteur évoque des cornes et non pas des bois de daim (p. 78) – un regroupement bizarre, sous l’appellation d’oiseaux des neiges, de divers oiseaux aquatiques, marins pour la plupart (eiders, guillemots, macareux, grands plongeons, pingouins, pagophiles, goélands bourgmestres, p. 91) – une répétition (p. 38 et 51).

Marie-Françoise Lafon nous offre là un opuscule « bien ficelé », accessible à tous, donnant peu prise à la critique ; son travail est préfacé par Henry de Lumley, Directeur du Muséum.

Tout autre est l’ouvrage proposé par les Éditions du Gerfaut lesquelles,

spécialisées dans le domaine cynégétique, nous avaient habitués à des publications de bien meilleur niveau. Déception d’autant plus grande qu’il s’agit d’un livre luxueusement présenté. Sur une prétentieuse couverture bleue, damas fleurdelisé aux armes de la famille d’Orléans, s’étalent en lettres d’or titre et nom de l’auteur: Son Altesse Royale Monseigneur Le Duc d’Orléans. La fleur de lis est présente à toutes les pages. Le chef actuel de la Maison d’Orléans, petit neveu d’Henri d’Orléans (1867-1901) et de Louis-Philippe, duc d’Orléans (1869-1926) prétend raconter ce que furent ces princes hors norme, comment leur goût pour la chasse les initia à la découverte des peuples et de l’histoire du monde. 94 pages sont ainsi consacrées à Henri, 120 à Philippe qui, seul, nous intéresse ici: onze courts chapitres dont quatre seulement ont l’Arctique pour cadre, chapitres auxquels il faut en ajouter un cinquième, signé de Jean Dorst : Une contribution magistrale à l’histoire naturelle. (L’ancien directeur du Muséum de Paris est bien connu des vieux biologistes taafiens puisqu’en l’absence de Jean Prévost, il avait remplacé ce dernier à la tête de l’ERBAA, Équipe de Recherche de Biologie Animale Antarctique, abritée dans le Laboratoire des Mammifères et Oiseaux qu’il dirigeait alors). Les quelques quarante-cinq pages « arctiques » de l’ouvrage sont bien décevantes, limitées à quatre récits anecdotiques dont on ne sait s’ils sont inédits ou non (L’ours à skis – Lorsque surgit de la brume une terre inconnue – Les rennes de Lowe Sound – La traque du vieil ours blessé). Quant à la contribution essentielle d’Adrien de Gerlache, sans lequel les trois voyages de la Belgica se seraient limités à de simples expéditions de chasse sans recherches océanographiques, elle est purement et simplement passée sous silence.

Trop souvent des erreurs de saisie affectent des noms propres : Nanssen pour Nansen (p. 167), Tanganyiha pour Tanganyika (p. 174), Guerlache pour Gerlache (p. 205), du Belgica au lieu de la Belgica (p.193). Les dimensions et origines des oeuvres reproduites ne sont jamais indiquées, et à 39 reprises les crédits photographiques ne sont pas donnés (droits réservés) ce qui fait tout de même « un peu beaucoup »…

L’abondante iconographie est de médiocre qualité comparée à celle des mêmes expéditions qui avait été proposée à Paris lors de l’exposition L’aventure polaire. Les reproductions photographiques anciennes, majoritaires, ont été affublées de couleurs pâtes de guimauve à la myrtille, framboise-cassis, menthe ou réglisse (bleu, rose, vert, sépia), toutes teintes jurant avec le bleu de la couverture. Et, d’un mauvais goût parfait, sous prétexte de comprendre ce que chasser veut dire, le prince Jacques ajoute à cet ensemble un texte d’une dizaine de pages, accompagnées de 18 photos dont 6 permettent de découvrir sa « gueule de baroudeur » !

Bien sûr, ces appréciations n’engagent que le signataire de ces lignes, lequel sollicite la bienveillance de l’éditeur qui a bien voulu lui faire parvenir un service de presse ; mais, bien déçu il ne saurait recommander ce livre sans leurrer les lecteurs de la Lettre d’information, d’autant plus que le rapport qualité/prix lui semble bien mince.

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Jacques, duc d’Orléans.

Novembre 1999, Éditions du Gerfaut (106 bis rue de Rennes, 75006 Paris).

Relié, entoilé, jaquette, 24×30 cm, 106 photos N&B, 17 photos couleurs, 22 reproductions d’aquarelles, dessins et tableaux, 3 plans & cartes, 256 pages.

ISBN.2-901196-84-5