Ce qu’il advint du sauvage blanc.

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Ce qu’il advint du sauvage blanc.

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Description

C’est un très bon roman, paru cet hiver, qui envoie des clins d’œil discrets aux initiés des voyages aux îles australes, écrit par François Garde, un ancien administrateur supérieur des TAAF pendant cinq ans, de 2000 à fin 2004.

Intitulé Ce qu’il advint du sauvage blanc – car le « sauvage » a, par convention, la peau noire –, ce roman est inspiré d’un fait réel, bien connu en Australie, mais peu en France. C’est l’histoire de la réadaptation à notre civilisation d’un jeune marin vendéen de quatorze ans, abandonné en 1858 sur la côte du Queensland au nord de l’Australie et ayant survécu au milieu d’une tribu d’aborigènes pendant une quinzaine d’années avant de se retrouver au milieu d’Européens. En romançant un peu l’histoire, mais pas beaucoup (le vrai nom du naufragé,
Narcisse Pelletier, est conservé), François Garde tente de comprendre le phénomène de dédoublement nécessaire pour survivre au milieu d’une humanité différente en tout de la sienne, et l’acculturation conséquente, forcée mais pas complète, subie par ce survivant. Car Narcisse Pelletier, qui a oublié jusqu’au français, est incapable de rien raconter, ni de ce qu’il a vu, ni de ce qu’il a vécu. À son retour en Vendée, Narcisse Pelletier disparaît. François Garde ne donne pas de conclusion… Ce roman correspond parfaitement au souci d’aujourd’hui de définir « l’homme sauvage ». Le cas de Narcisse Pelletier ne fut pas unique, mais c’était un Français, alors que la plupart furent des détenus évadés des bagnes d’Australie ; et même si leurs fins ne furent pas toujours heureuses, plusieurs en sont revenus pour pouvoir un peu raconter : ces aborigènes n’étaient donc pas des cannibales. Mais une humanité tellement différente de la leur heurtait leur
compréhension et donc leur faculté de transmission. Ce qui plaira aux amateurs des îles australes, ce sont les quelques références faites par François Garde à des noms (par exemple des bateaux s’appellent Saint-Paul, Strathmore), à la description d’une île (celle, frappante, de Saint Paul), à la couleur de la mer et à la brutalité des tempêtes (« des bancs de brume dérivaient sans force sous un ciel laiteux », « le vent revint mais de face »), etc. Mais les îles australes françaises sont, elles, désespérément désertes. François Garde a un style très élégant, on croirait se trouver dans une époque ancienne. Et on est infiniment sensible à son humanité, son respect, et sa totale absence de jugement de valeur. Plusieurs prix littéraires ont déjà reconnu les qualités de ce roman très suggestif.

Gracie Delépine

 

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

François Garde – Gallimard –

décembre 2011 – broché – 14 x 20 – 327 p. –

ISSN 978-2-07-013662-9.

Prix Goncourt du premier roman.

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