AU VENT DES KERGUELEN – Un séjour solitaire dans les îles de la Désolation

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Description

Où l’on retrouve Saturnin, cotre de onze mètres, pour un hivernage à Kerguelen digne d’anthologie. La LETTRE 43 (page 38) présentait l’album de son premier périple austral, « Iles des Quarantièmes« . Ce dernier, si attachant soit-il – la belle image que ce minuscule voilier français en baie de l’Oiseau ! –, fait aujourd’hui figure de complément illustré à la relation de voyage qui vient d’être publiée. Au passage, son éditeur mérite d’être salué pour avoir, sur la foi d’un carnet de bord brut de plume, décelé la matière d’un récit peu commun et incité son auteur à le remettre en forme. Ce dernier s’y est employé du fond de sa retraite irlandaise et « Au vent des Kerguelen » parut sans bruit en janvier 2000. Saisissant contraste entre les bousculades du nouvel an à trois zéros et l’horizon désert autour de l’homme de barre.

Le voyage de Christophe Houdaille renvoie au temps de la marine à voile (avec, progrès oblige, tantôt le secours, tantôt le souci d’un moteur). Il s’inscrit dans le cycle des saisons qui commandent les arrivées et les départs comme elles le font pour les espèces migratrices. Et chaque mille nautique est gagné sur la fatigue, le mal de mer ou l’usure du gréement. Et chaque randonnée à terre se construit pas à pas contre son propre épuisement et la rigueur du climat. Même l’enneigement qui pousse les îliens « réguliers » à hiberner dans leur base n’étouffe pas l’appel du dehors pour le marin désormais useur de bottes.

C’est que le but de cette odyssée est une quête en profondeur. Celle de l’île rêvée et désirée plus encore depuis la trop courte escale du premier voyage. Cette fois, tout est préparé pour en reconnaître le détail des côtes et de l’intérieur. Christophe Houdaille sait bien que le siècle des grandes découvertes est terminé. Ses prétentions d’explorateur sont à l’échelle du rase-cailloux et d’une navigation de précision où il mène son bateau à la limite de son tirant d’eau. De même, sur l’île, sa soif d’arpenteur répond à sa curiosité et à son désir de graver dans sa mémoire la moindre parcelle de sa terre promise.

Cette terre promise, « Au vent des Kerguelen » la restitue fidèlement. De quoi entretenir la fièvre du terrain chez ceux qui l’ont attrapée sur place et la communiquer aux candidats au baptême austral. Le carré de Saturnin est pour tous un refuge. Là-bas, Christophe Houdaille ne le verrouille jamais. Il y partage ses moments de doutes face aux déchaînements de la nature et s’y dévoile comme un visiteur respectueux, conscient de sa fragilité.

Pour le reste, mieux vaut garder au lecteur sa part de surprise et d’émotion devant ces nouvelles « Aventures aux Kerguelen »… Titre sur mesure si Rallier du Baty n’en avait pas eu l’antériorité.

Michel Janssens

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Par Christophe Houdaille. Transboréal,

Paris – 2000. Format 15,5 x 24 cm – 336 pages 

Broché. 89 photos couleur, 14 cartes.

ISBN 2-913955-01-0.