PRÉSENTATION DE LA TERRE D'ADÉLIE
SITUATION GÉOGRAPHIQUE
Informations Géographique
La Terre Adélie est une portion du continent antarctique revendiquée par la France et comprise entre le parallèle 66S et le pôle et les méridiens 136 et 142 est. La base permanente de Dumont d’Urville est à 66°50’S et 140°32’E, à 2500 km au sud de la Tasmanie.
Carte de l’archipel de Pointe-Géologie (© SHOM)
Elle est installée sur l’île des Pétrels qui fait partie de l’archipel de Pointe Géologie, situé à quelques centaines de mètres du continent. Pendant environ 9 mois de l’année la banquise isole complètement cette base du reste du monde. A la fin de l’hiver, cette barrière peut avoir 300 km de large.
Carte de l’Antarctique : la base Dumont d’Urville et la station Concordia sont soulignées en bleu (en bas, à droite de la carte)
Coordonnées géographiques de la base Dumont d’Urville : 66°40′ Sud ; 140°00′ Est
https://institut-polaire.fr/fr/antarctique/la-station-dumont-durville/
HISTOIRE
Chronologie des expéditions et missions en Terre Adélie
21 janvier1840
La première expédition antarctique française part de Toulon en janvier 1838, à la recherche du pôle Sud magnétique. À sa tête, le commandant Jules Dumont d’Urville à bord de l’Astrolabe, accompagné de la Zélée (commandant Jacquinot). Les deux navires sont des corvettes à voiles de 300 tonneaux. L’expédition explore la région en 1840 et reconnaît 150 milles de côte. Après avoir aperçu la côte le 20 janvier à 22 h 50, Dumont d’Urville fait mettre à l’eau deux canots, et les marins mettent pied, le 21 janvier à 17 h 30, sur le « Rocher du Débarquement ». Cet îlot est le plus élevé et le plus nord-occidental parmi le groupe d’îlots des îles Dumoulin, ainsi nommées par Dumont d’Urville en l’honneur de l’hydrographe de l’expédition Vincendon-Dumoulin. Il est situé au nord-est de l’archipel de Pointe-Géologie, à environ 4 km du continent. Les marins prélèvent des échantillons de roche, d’algues et d’animaux et prennent possession de cette nouvelle terre en plantant le drapeau français par 66° 36′ 19″ S et 140° 04′ 00″ E. Dumont d’Urville annonce à son équipage que cette terre porterait désormais le nom de « terre Adélie », en hommage à son épouse Adèle.
Le 29 janvier, les corvettes croisent la route de l’expédition américaine de Charles Wilkes qui, le 16 janvier, avait aperçu vers l’ouest une « île de glace » située à plus de 175 km de la côte. Le 25 janvier, Wilkes découvre la côte elle-même par 67° 04′ 37″ S et 147° 42′ 00″ E, cinq jours après que Dumont d’Urville l’ait aperçue huit degrés de longitude (environ 400 km) plus à l’ouest, et y ait débarqué. De 1840 à 1949, aucune expédition ni aucun navire n’ont visité la région, ni débarqué en terre Adélie.
28 février 1947
Après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs pays dont la France envisagent de créer sur le continent antarctique des stations pour mieux asseoir leurs revendications territoriales. À l’instigation de trois jeunes alpinistes qui venaient de cartographier le Spitzberg, Yves Valette, André-Paul Martin (dit J.-A. Martin) et Robert Pommier, Paul-Émile Victor propose au gouvernement français d’organiser des expéditions au Groenland et en terre Adélie. Avec l’accord du gouvernement, les Expéditions polaires françaises – Missions Paul-Émile Victor (EPF) sont ainsi créées le 28 février 1947. Les EPF organiseront trois hivernages successifs et deux campagnes d’été entre 1948 et 1953.
Une première station, Port-Martin, est créée en 1949-1950, mais elle est détruite par un incendie dans la nuit du 23 au 24 janvier 1952.
Une équipe réduite de sept hommes décide d’hiverner sous la direction de Mario Marret sur l’île des Pétrels (archipel de Pointe-Géologie, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Port-Martin) dans la station annexe (dite base Marret) afin d’y étudier plus particulièrement la colonie de manchots empereurs découverte en 1950. Depuis cette époque, la base Marret est conservée, bien que remaniée plusieurs fois. Elle est dorénavant considérée comme site historique
1er janvier 1956
Après une période de trois années sans hivernage, en raison de la destruction de Port-Martin, l’organisation de l’Année géophysique internationale (AGI, 1957-1958) par le Conseil international des unions scientifiques provoque une relance des activités antarctiques françaises en terre Adélie. Le site de l’île des Pétrels est choisi pour implanter une nouvelle station. Trois expéditions antarctiques françaises sont organisées sous la direction scientifique de Bertrand Imbert (missions S1, S2 et S3), avec le support logistique des Expéditions polaires françaises. La première de ces trois expéditions (1956) est surtout consacrée à la construction d’une nouvelle station, la base Dumont-d’Urville, sur l’île des Pétrels, dans l’archipel de Pointe-Géologie. Une station annexe est aussi construite à 320 km à l’intérieur du continent par 2 400 m d’altitude, la station Charcot.
Grâce à la ténacité et aux qualités de persuasion de Paul-Émile Victor, la présence française en Antarctique se poursuit après l’AGI. La base Dumont-d’Urville (66° 39′ 47″ S, 140° 00′ 10″ E) est toujours en fonction et accueille de vingt à trente personnes, effectif qui double ou triple pendant l’été.
En 50 ou 60 ans, de 1961 à 2020, toutes les conditions de travail et de logement ont bien changé ! Confort de vie et laboratoires modernes en 2020 n’ont rien à voir avec les spartiates conditions des années 1956-1969. La station a été agrandie, reconstruite régulièrement à partir de 1970. L’eau douce (par distillation de l’eau de mer) est abondante et il n’est plus question de faire fondre de la neige ou de la glace ! Chaque hivernant dispose d’une chambre individuelle !
Cette base aurait dû être desservie par un aérodrome, construit dans les années 1980 et 1990, par nivellement des îles Cuvier, du Lion, des îlots Pollux et Zeus, et de l’île Buffon, mais l’utilisation de la piste est abandonnée en 1994 suite à sa partielle destruction par une violente tempête. Dorénavant, les transferts de personnels par avion se font grâce à une piste sur neige sur le plateau continental, au-dessus de la base Robert-Guillard de cap Prudhomme (D10) à 10 km de la base. Longue de 1 200 m, elle est remise en état chaque année. Cependant la majeure partie des transferts se fait encore par bateau.
Depuis 1959, année de la signature du Traité sur l’Antarctique, il y a une occupation permanente des lieux. De nombreuses études scientifiques sont réalisées en terre Adélie, soit au niveau national, soit dans le cadre de collaborations internationales (avec la Russie, les États-Unis d’Amérique et l’Italie, en particulier).
La construction d’une nouvelle base, Concordia, créée et utilisée en collaboration avec l’Italie à 1 100 km de la base Dumont-d’Urville, à 3 233 m d’altitude sur le Dôme C, se poursuit de 1999 à 2004.
Fonctionnelle depuis 2005, été comme hiver, elle est destinée à des études astronomiques (implantation de télescopes et radiotélescopes), à des études de géophysique et de climatologie (notamment celles de la glaciologie, de la magnétosphère, de la haute atmosphère, du réchauffement climatique et de la couche d’ozone), ou de physique fondamentale (captage de particules de haute énergie). La base Concordia est reliée par convois d’engins chenillés à la base Dumont-d’Urville et par avion à la base italienne Mario-Zucchelli. Avec la base américaine Amundsen-Scott au pôle Sud et la base russe Vostok, Concordia est l’une des trois stations à l’intérieur du continent antarctique à fonctionner toute l’année.
L’Arctique et l’Antarctique furent les deux grands théâtres d’opération des Expéditions polaires françaises (EPF). La terre Adélie, dont Dumont d’Urville avait pris possession au nom de la France, fut le principal objectif des EPF, car aucune expédition française ou étrangère n’y était allée depuis cette date. Les Français n’y retourneront que 110 ans plus tard, en 1950.
Si c’est l’Antarctique qui lui valut sa renommée, Jean-Baptiste Charcot n’est jamais allé en terre Adélie
Avant de faire de nombreuses missions et explorations dans les eaux arctiques, il consacra près de dix ans de ses travaux à l’Antarctique, essentiellement à la côte occidentale de la péninsule antarctique. Il s’y rend une première fois de 1903 à 1905 à bord du trois-mâts goélette Le Français, suivi d’un hivernage dans l’île Booth-Wandel en 1904, puis une seconde fois de 1908 à 1910 à bord du trois-mâts-barque le Pourquoi-Pas ?. Charcot hiverne à nouveau de janvier 1909 à janvier 1910 sur l’île Petermann. Au cours de ses périples, Charcot découvrit de nombreuses îles et terres nouvelles, et reconnut 3 600 km de côtes dont il établit la cartographie précise.
Depuis 1840, aucune expédition n’est retournée en terre Adélie. La mission des EPF, qui prend pied en terre Adélie en 1950 sous la direction d’André-Frank Liotard à bord du navire Commandant Charcot, est double : réaffirmation des droits de la France sur la terre Adélie, et exploration du territoire et réalisation de programmes de recherche scientifique dans de nombreux domaines : exploration géographique, météorologie, géomagnétisme, sismologie, étude de l’ionosphère, étude des aurores australes, radioactivité, rayons cosmiques, biologie terrestre et marine, glaciologie, géologie, etc.
Depuis 1956, les hivernages et campagnes d’été se sont succédé sans discontinuer. Les travaux scientifiques ont été poursuivis dans tous les domaines, et la masse de résultats est impressionnante.
Texte de Jean-Claude Hureau
Faune de Terre Adélie