Mémoires sauvées des glaces
Mémoires sauvées des glaces
Prix : 19,90€
Description
Le livre « Mémoires sauvées des glaces » : Héros du film La Glace et le Ciel, Claude Lorius évoque dans ce livre sa carrière de glaciologue. L’aventure commence en 1955 par une petite annonce à la faculté de Besançon.
On recherche des jeunes gens en bonne santé et ne craignant pas la solitude… Il ne se doute pas alors qu’il va participer à la plus grande aventure scientifique jamais entreprise sur le continent antarctique. Depuis le premier hivernage à la base Charcot, en 1956, Claude Lorius a participé à plus de vingt expéditions polaires dont la dernière en 1984 à Vostok, station russe où la température peut descendre en dessous de 80°C.
C’est en terre Adélie qu’il fait l’une des plus incroyables découvertes… en observant dans son whisky les bulles de gaz libérées par le glaçon d’une carotte profonde. Il a l’intuition que ces bulles contiennent le secret des temps immémoriaux où elles ont été emprisonnées. Vingt ans plus tard, la confirmation de ce pressentiment fera la une de la prestigieuse revue Nature : les activités humaines sont la cause du réchauffement climatique actuel.
Les découvertes scientifiques de Claude Lorius sont des clefs pour la compréhension des variations du climat mais sa vie est avant tout une grande aventure en Antarctique.
En France, en 1953, les figures tutélaires de deux pionniers régnaient sur la conquête des pôles ; le premier, Jules Sébastien Dumont d’Urville, donna le nom de son épouse Adèle à la partie de terre du continent antarctique qu’il avait découverte en 1840 ; le second, Jean-Baptiste Charcot, fut le précurseur des expéditions scientifiques sur ce continent au court d’expéditions à bord du Français et du Pourquoi Pas ?.
À l’issue de la 2e guerre mondiale, un troisième personnage imposait une image conquérante et incontournable sur les espaces glacés des pôles, Paul-Émile Victor. Il avait créé les Expéditions polaires françaises (EPF), devenues la bannière de l’étude des pôles de France. C’est à cette époque que tout a commencé pour Claude Lorius par une petite annonce sur le panneau d’affichage de l’université de Besançon où il achevait ses études : « Recherchons jeune chercheur, pour participer aux campagnes de l’Année géophysique
internationale ».
Il s’agissait en toute simplicité avec deux compagnons, Jacques Dubois et Roland Schlich, de vivre enclos dans une habitation de 24 m² en terre Adélie sans aucune possibilité de secours pendant l’hivernage : 365 jours d’isolement dans un désert de glace à une température moyenne de -40 °C ! Un tel isolement volontaire était sans exemple. Cela se passait en 1955 ; Youri Gagarine n’avait pas encore fait un premier vol en satellite et les vols habités de longue durée dans l’espace n’interviendraient que bien plus tard. Une telle rigueur d’existence a bien sûr fortement marqué les « hivernants » et la vie de Claude Lorius en porte les traces.
Dans un environnement rude à l’extrême, ces trois chercheurs ont écrit quelques pages sobres, modèles de la capacité de l’homme à s’adapter et triompher des difficultés sociologiques, techniques, physiologiques qu’ils pouvaient rencontrer. À titre personnel, ils ont sans doute développé des caractéristiques comportementales facilitant les relations entre individus, ce qui pourrait expliquer leur capacité à s’entendre avec leurs homologues de divers pays rencontrés dans l’environnement difficile des zones polaires. Cette part autobiographique à caractère souvent familial est essentielle ; elle constitue le socle privé sur lequel repose le monument dédié à la science et édifié par Claude Lorius et ses compagnons. Claude Lorius n’est pas un inconnu pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’homme et de son influence sur les climats de la terre. Désormais chacun d’entre nous connaît l’histoire de ces bulles de gaz provenant de carottes de glace et apparues dans un whisky lors de manifestations festives accompagnant l’intense activité de prélèvement d’échantillons provenant de la calotte glaciaire. L’observation de ces bulles associée à la découverte du « thermomètre isotopique » a permis d’écrire l’histoire climatique de la terre sur plus de 20 000 ans. À partir de ces observations, somme toute bénignes au regard de leur immense écho scientifique, c’est toute la place de l’homme dans la nature qui est interrogée : climatologie et glaciologie, biologie et océanographie, relations des chercheurs et techniciens avec un univers scientifique qu’ils transcendent par leur passion de la recherche malgré les immenses difficultés rencontrées.
Il ne s’agit plus d’analyser quelques échantillons dans l’espace plus ou moins confortable au sein d’un laboratoire dans une métropole lointaine. Avant d’arriver à l’aboutissement que constituent les tableaux de résultats d’analyses et mieux encore la publication dans une revue internationale de haut niveau, il aura fallu persuader les évaluateurs du programme de l’intérêt d’un tel projet, de mettre en place des coopérations avec des équipes internationales, mobiliser des engins mécaniques et les adapter aux fonctions exigées dans ces zones particulières : carottiers, weasels et snowcats, Hercule C 130, Kharkowchamka… , le tout dans des conditions de sécurité très limites ! Cette autobiographie scientifique et sociétale est magnifiquement évoquée ; elle explique la place primordiale de Claude Lorius dans le monde de la glaciologie et de la climatologie. Sur les sites de carottage, tous participent à la réalisation de ses projets, toutes les nationalités sont solidaires : Français, Russes, Américains, Danois, Suisses… Certains noms reviennent en écho tout au long de la carrière scientifique de l’auteur. L’amitié nouée avec Vladimir Kotlyakov et Dick Cameron est exemplaire des relations affectives établies par-delà les régimes politiques au cours des travaux poursuivis en commun. Ces relations élaborées dès les premières années de recherches antarctiques ont leur continuité dans celles développées plus récemment avec d’autres partenaires tels Jean Jouzel et les travaux du GIEC.
Cette histoire raconte une magnifique épopée dans laquelle Claude Lorius occupe une place privilégiée. Le dernier chapitre de l’ouvrage replace cet homme et son action dans l’histoire climatique de la planète. Quelques bulles d’air piégées dans la glace des pôles et c’est le spectre inquiétant de ce que nous créons au quotidien pour les temps à venir : l’« anthropocène », âge d’or de notre civilisation. L’auteur évoque sobrement la difficulté de faire passer auprès des consciences politique et citoyenne, la nécessité de protéger notre environnement. Il se dit aujourd’hui plus optimiste que par le passé. Puisse l’histoire à venir lui donner raison. Alors les Mémoires sauvées des glaces auront participé au sauvetage de l’humanité. René Lésel
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Par Claude Lorius en collaboration avec Djamel Tahi (Interviewer)
Date de parution : 20/04/2016
Editeur : Arthaud Collection : Traversée des mondes
ISBN : 978-2-08-137589-5
Nb. de pages : 335 pages
Dimensions : 13,6 cm × 22,0 cm × 2,3 cm