LE GRAND PINGOUIN, Biographie

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Description

Le grand pingouin avait été retrouvé par J.L. Muet sous forme d’un exemplaire naturalisé au musée Boucher-de-Perthes à Abbeville dans la Somme (cf. Lettre 52 p.22.)

Nous reproduisons ci-dessous un article paru dans le Canard Enchaîné du 26 mars dernier concernant cet oiseau, sous la plume de Jean-Luc Porquet qui commente le livre d’Henri Gourdin Le grand pingouin paru chez Actes Sud.

Avis de disparition 

Peut-on tomber amoureux d’un oiseau mort ? Mort  lui et toute sa descendance, et sa parenté, et toute son espèce ? C’est de toute évidence ce qui est arrivé à l’auteur. Il parle du grand pingouin avec compétence, précision, clarté et émotion contenue : « Il ne volait pas, marchait droit, nageait comme un poisson. Il évoquait quand il se déplaçait sur son rocher un petit d’homme faisant ses premiers pas. Il ne se sauvait pas à l’approche du chasseur, se dressait seulement sur ses courtes pattes, levait la tête, ouvrait un peu les ailes…comme pour accueillir un congénère. » Le grand pingouin a vécu paisiblement sur cette terre des millions d’années. Et puis il a rencontré l’homme.

Après des millénaires de coexistence pacifique (dans la grotte de Cosquer, on trouve trois magnifiques dessins de cet oiseau qui, voilà seize mille ans, se plaisait dans l’alors froide Méditerranée), vint le temps des razzias. En deux siècles à peine, progrès de la navigation aidant, il fut décimé : puisqu’il était confiant, gros, gras, savoureux, facile à chasser, réuni en foules sur des îles pour nidifier, il n’y avait qu’à tirer dans le tas, ce qu’on fit joyeusement de Terre-Neuve aux Féroé. Puis, comme il se faisait rare, ce furent les collectionneurs qui le traquèrent. Le lundi 2 juin 1844 dans l’après-midi, pour le compte de l’un d’eux, Vihljalmur Hakonarsson mit le cap sur l’île d’Eldey, dernier refuge des grands pingouins à quelques encablures de l’Islande, et tua les deux derniers spécimens (dont on ne sait d’ailleurs pas trop ce qu’ils sont devenus aujourd’hui). Depuis ce jour, on n’en a plus jamais revu.

Le grand pingouin était de la taille d’une oie. De toute beauté, il avait un bec immense creusé de longs sillons, une grande tache lumineuse en avant de l’œil. Nageur exceptionnel, plongeant jusqu’à deux cents mètres quand il n’allait pas nidifier sur les îles où l’homme le massacra, il menait une vie aventureuse, passant « sur des mers démontées la plus grande partie des vingt ou trente années de son existence ». Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? presque rien « une demi-douzaine de témoignages directs, trois ou quatre croquis de première main, trois observations de l’oiseau en captivité ». Et, en prime, quelques spécimens empaillés dans de rares musées. Il n’est que le premier sur la liste.

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Henri Gourdin 

Actes Sud

février 2008 – broché, couverture illustrée N et B – 13 x 24 cm –  illustrations N et B : 3 photos, 4 gravures, 4 dessins, 2 lithographies, 3 cartes –172 pages

 ISBN 978-2-7427-7266-7.