LES CONFESSIONS D’UN PRIMATE

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Description

Revenons sur ce très intéressant livre de P. Jouventin annoncé trop rapidement dans la dernière LETTRE, mais que certains ont déjà pu se procurer et savourer, qu’ils soient anciens hivernants ou non.

Comme le précisait une critique, «de prime abord, on dirait un petit ouvrage scientifique. Mais dès le premier chapitre, ces mémoires d’un brillant éthologue, directeur de recherche au CNRS, vous accrochent comme un grand roman d’aventure aussi drôle qu’intelligent, de ceux qui donnent envie d’éteindre la télévision pour retrouver le plaisir de la lecture.»

Car ces pages ont été écrites, non par un écologiste, son « cousin encombrant », mais par écologue, c’est-à-dire un « chercheur en écologie » – ce qui change tout – et avec humour et autodérision en plus ! L’auteur est bien connu de la plupart des lecteurs de cette LETTRE pour ses travaux d’ornithologie dans les quatre districts des TAAF depuis 1969 – année de son hivernage en Terre Adélie (TA.19) – et maintenant comme responsable de programmes, ainsi que pour avoir dirigé pendant treize ans le Centre d’études biologiques de Chizé (CNRS) à Villiers-en-Bois, près de Niort, dans les Deux-Sèvres et pour sa participation aux différentes revues scientifiques évoquées dans la LETTRE.

Plutôt habitué à publier des articles scientifiques, P. Jouventin a souhaité, pour une fois, montrer l’envers du décor de la recherche, sa face cachée. Et expliquer son travail sur le terrain au «grand public», c’est-à-dire… aux contribuables qui financent ses recherches !

Ce petit livre, qui tient presque dans la poche, est effectivement du genre « une fois commencé, on va jusqu’au bout », car, comme l’annonce l’auteur, « le but de ce divertissement est tout d’abord de vous initier à l’étude des mœurs des animaux sauvages, c’est-à-dire à l’éthologie ou science du comportement ». En précisant que ses recherches se situent à la rencontre de trois domaines – comportement, écologie et évolution – qui permettent de définir un nouveau (en France) champ scientifique, « l’écologie comportementale » *. Mais c’est aussi le « vécu » dont on ne parle pas dans les articles scientifiques, les anecdotes animalières et les souvenirs qui captent l’intérêt du lecteur. Recueil d’anecdotes qui sont autant d’occasions pour l’auteur d’une réflexion sur soi et sur le monde.

Les deux premières parties de ce livre racontent des histoires de manchots en Antarctique, et de singes – de babouins plus précisément – en Afrique équatoriale, que l’auteur a aussi longuement étudié.

Mais, se référant à un grand ancêtre J.H. Fabre, le fondateur de l’éthologie, P. Jouventin veut dépasser la présentation d’une « science froide et anonyme » pour nous faire partager ses recherches, ses convictions, ses engagements et ses humeurs.

Et c’est la troisième partie de ce livre. Elle concerne cette fois, une autre espèce, les sagouins, mais attention, non pas les petits singes d’Amérique du Sud, mais… l’Homo sapiens ! De la famille des hominidés et de l’ordre des primates. Vous savez, l’espèce qui est dotée d’un gros cerveau, et de la parole. Une espèce à part que l’auteur-éthologue décrit sans difficulté comme exploitant malproprement les ressources naturelles de la planète Terre.

Rude confrontation en vérité que vous découvrirez dans ces 192 pages passionnantes. Car « la protection de notre planète est un problème politique, mais aussi scientifique ». Et concernant directement les TAAF, « les scientifiques demandent la création d’un Parc national des îles australes capable d’assurer la protection de ce patrimoine unique et fragile ». (lire dans LETTRE 50, p.22-23).

Citant Gauguin et son testament pictural intitulé D’où venons-nous ? Que sommes nous ? Où allons-nous? l’auteur suggèrerait-il nous livrer son testament professionnel ? En tout cas c’est déjà une «profession de foi» et le récit d’une carrière de naturaliste bien remplie. Il nous fait participer avec plaisir à une « promenade animalière sur plusieurs continents pour faire connaissance avec notre maison, la terre, et nos cousins, les bêtes ». En nous rappelant cette réflexion de Charles Darwin, il y a quelque cent trente ans, « entre l’homme et l’animal, il y a des différences de degrés et non de nature ».

Une bibliographie des publications et des films de l’auteur et de ses collaborateurs – connus des lecteurs de ces lignes, et, pour plusieurs, membres de l’AMAPOF – termine l’ouvrage auquel nous souhaitons le succès qu’il mérite.

* en anglais behavioural ecology, pour donner envie de lire ce livre à nos lecteurs anglo-saxons.

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Les coulisses d’une recherche sur le comportement animal, de Pierre Jouventin –

Ed. Belin-Pour la Science – Format : 13,5 x 21,5 cm – 192 pages – 38 photos couleurs et une carte