PRINTEMPS INUIT, naissance du Nunavut.

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Description

Michèle Therrien nous permet d’évaluer les chances et les risques du Nunavut. Reprenant l’histoire du peuple inuit, elle montre son exploitation séculaire, la dégradation qui s’ensuivit, la repentance des dirigeants canadiens, non sans remarquer que le Nunavut est aussi un acte de possession du Canada face aux prétentions des Etats-Unis sur les rives du passage du Nord-Ouest.

L’auteur, enseignante à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), à Paris, y enseigne la langue et la culture inuit. Au Collège Nunavut de l’Arctique, à Iqaluit, capitale du nouveau territoire, elle participe aux échanges de savoirs entre les Ainés et les nouvelles générations. Elle puise dans sa connaissance de la région et de sa culture, utilisant des dépositions d’intellectuels et les procès-verbaux des tortueuses négociations qui menèrent à l’autonomie pour présenter les problèmes : celui des droits fonciers, celui des relations avec les autres Inuit (environ 120.000) au Canada, en Alaska, en Sibérie et avec ceux du Groenland, autonomes depuis vingt ans. Elle signale la variété des dialectes, au moins trois pour les vingt-cinq mille habitants du nouveau territoire, et la question cruciale de l’écriture; faut-il maintenir le syllabaire des missionnaires ou préférer la translitération en caractères latins? Comment convaincre les jeunes d’apprendre à écrire leur langue quand l’anglais est généralisé? Comment faire comprendre au monde que les Inuit ont besoin de chasser, qu’il leur arrive encore de tuer des baleines et toujours des phoques? Enfin comment corriger les terrifiantes statistiques sociales en matière d’alcoolisme, d’espérance de vie, de suicides et de délinquance, notamment sexuelle.

John Amagoalik, l’inlassable négociateur qui a conduit son peuple vers la reconnaissance et qui préface l’ouvrage, conseille aux futurs gouvernants d’abréger leurs discours, de pratiquer l’humour et de chasser souvent. Un peu court, dira-t-on, pour gérer deux millions de kilomètres carrés, mais la situation ne réclame-t-elle pas des solutions originales?

Outre quelques erreurs de saisie, telle Mac Kenzie pour Mackenzie à la page 15, cinq corrections semblent devoir être apportées à ce texte intéressant. Page 45 : c’est la zone arctique et non pas l’ hémisphère boréal, moitié du globe, qui est ceinturée par l’isotherme +10°C de juillet – Page 46: « seules quelques espèces animales migrent vers les régions méridionales« , c’est l’inverse: ainsi, à de rares exceptions, Grand corbeau par exemple, presque tous les oiseaux fuient vers le sud les rigueurs hivernales et les caribous migrent aussi – Page 63: quelques corps et non les corps des membres de l’expédition de John Franklin ont été retrouvés il y a une dizaine d’années – Page 77: selon nos sources, la Chambre des communes d’Ottawa comprend 282 et non pas… 12.000 parlementaires! – Manifestement plus familière des hommes que des pinnipèdes l’auteur a, page 119, cette phrase étonnante: Les « chers petits phoques » sont en réalité d’énormes et dangereux animaux.

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Michèle Therrien. 1999,

Indigène Editions, (1 impasse Jules-Guesde 34080 Montpellier).

Broché, 15×21 cm, 10 photos N&B, 2 en couleurs (couv.), 2 carte et figure, 144 pages.

ISBN 2-911939-13-1.