KERGUELEN
KERGUELEN
Prix : 49,00€
Description
Cet album constitue l’une des plus belles collections d’images des Kerguelen publiées à ce jour. Paysages somptueux fixés avec un souci constant de la composition, du cadrage, de l’assortiment des couleurs. Eclairages de l’aube et du crépuscule livrent une gamme chromatique parfois surprenante.
Mais de leur examen attentif naît un soupçon: Max Schmid n’use-t-il pas, et dans ce cas n’abuse-t-il pas parfois, de filtres dégradés avec ou sans combinaison entre filtres polariseurs gris neutre et de couleur? En effet certaines teintes, sans être outrancières, semblent parfois irréelles, trop uniformément orangées ou rosées. Dans ce cas, grâce à une technique qu’il maîtrise bien, le photographe fait oeuvre d’artiste en interprétant la réalité. Quoiqu’il en soit le résultat est un réel plaisir pour l’oeil, du moins pour les paysages car les photos animalières, peu nombreuses, sont banales, de bonne qualité sans plus.
Si l’iconographie est bonne, légendes et textes sont parfois affligeants, leur traduction y est sans doute pour quelque chose mais tout de même! Une relecture et des corrections, nombreuses, s’imposaient. La préface est sans intérêt; le signataire en est Max Schmid. A plusieurs reprises il régurgite quelques notions tirées du texte d’André Giret, tronquées et mal digérées: ainsi écrit-il, entre autres bourdes, que l’archipel est issu non pas de manifestations volcaniques, mais « d’un morcellement violent survenu lors d’une séparation de continents ». Noms propres écorchés, dénominations, orthographes, traductions incorrectes (atlantes pour atlas et, bien sûr, l’inévitable pinguin souvent traduit par pingouin et non manchot). La copie et certaines légendes sont à revoir! (Au pluriel chou prend un x; l’albatros n’est pas une espèce: trois groupes peuvent être distingués parmi les espèces australes et, à Kerguelen, c’est l’albatros fuligineux à dos clair qui est présent).
Au bout du monde-les îles Kerguelen, le texte d’André Giret occupe 14 pages en langues française et anglaise, 16 en langue allemande. Curieusement, malgré les qualités et connaissances incontestables de leur auteur ces pages n’échappent pas non plus à la critique. Le non-respect de l’usage communément admis des majuscules et minuscules pour les toponymes nécessite à lui seul plus de 70 corrections! Habituellement écrits en italiques ou mis entre guillemets, les noms de navire ne le sont pas ici; quant un nom vernaculaire est suivi du nom scientifique, ce dernier ne doit pas être précédé d’un article, doit être écrit en italiques ou bien souligné. Le qualificatif de rugissants est habituellement attribué aux « quarantièmes », celui de hurlants aux « cinquantièmes » et non l’inverse. Paulmier de Gonneville a bien atteint une terre australe, la description qu’il donne des indigènes rencontrés ne prête pas à confusion; son erreur est d’avoir pris le Brésil pour la Terra Australis Incognita. tant recherchée. Si l’île des Pingouins fait partie de l’archipel Crozet, ce n’est pas le cas de l’île aux Pingouins. Lors de son second voyage, pour rejoindre l’île de France au départ de Brest, Kerguelen avait-il un autre choix que de contourner l’Espagne, le Portugal et l’Afrique ? A.Giret ne semble pas avoir beaucoup de considération pour Yves de Kerguelen, libre à lui, mais peut-il affirmer pour autant qu’il y ait eu abandon du Gros-Ventre par la Fortune ? Kerguelen n’étant pas une divinité ne peut être blasphémé mais injurié; à qui la connaît, sa vie, peu simple il est vrai, peut sembler « télescopée » telle qu’elle est décrite; sa libération, après une nouvelle incarcération, survint en 1794 et non en… 1994. Si la marine évoque l’art de la navigation sur mer, la Marine est la « Royale », celle de guerre. Aujourd’hui, alors que nous sommes sortis du Petit Age de glace, chaque hiver, la majeure partie de la mer Baltique n’en continue pas moins d’être prise par les glaces, raison pour laquelle les chantiers navals finlandais sont les spécialistes incontestés des brise-glace. Page 163 il faut lire cote et non côte 100m. Deux pages plus loin il aurait fallu écrire avifaune et non faune avicole, cet adjectif se rapportant à l’élevage des oiseaux – pourquoi séparer les gorfous des manchots auxquels ils appartiennent? – les gorfous dorés nichent plus souvent, quand ils le peuvent, sur les endroits plats que sur les pentes situées à quelques dizaines de mètres d’altitude – le grand albatros a une envergure de 2,8 à 3,2 m et non pas de 2 m – quant au skua il est caricatural de comparer son bec à celui d’un rapace. Pages suivantes: si les éléphants de mer mâles peuvent être qualifiés de rivaux au moment du rut, ils ne peuvent l’être d’ennemis – un béotien ne s’y retrouvera pas dans les cétacés cités: les baleines franches et les rorquals appartiennent aux baleines à fanons, ou mysticètes, les autres espèces évoquées aux baleines à dents, ou odontocètes, auxquelles se rattachent les dauphins dont l’ orque est le plus grand représentant. Une phanérogame (sans S) est une plante à fleurs. À Kerguelen, les presses à manchots étaient utilisées pour extraire des carcasses non pas leur huile mais, après une large décapitation, en chasser les entrailles, sang et humeurs, la « briquette » de plumes, graisse et muscles obtenue servant ensuite de combustible; l’extraction industrielle d’huile de manchots ne semble guère avoir été pratiquée qu’à l ‘île Macquarie. Henri et Raymond Rallier du Baty ne découvrirent pas par hasard le village de Port Jeanne d’Arc, lequel n’existait pas quand, à leur premier séjour, ils arrivèrent dans les îles. D’ailleurs, ne conseillèrent-ils pas le commandant du vapeur Jeanne d’Arc, le Capitaine Ring, et son équipage sur leur choix d’implantation? Ultime remarque : l’examen attentif de la carte IGN reproduite en avant-dernières pages de couverture révèle une erreur, inexistante lors des premières éditions: dans la presqu’île Joffre, le Mont de la Rabouillère (ou rabolière , terrier où les femelles de lapins de garenne mettent bas leurs petits, ou raboliots – nom donné par moi en 1967) est devenu Mont de la Rabouidère (?).
La bibliographie ne comporte que neuf titres et semble limitée aux seuls encore disponibles dans le commerce; là encore orthographe et titres sont joyeusement malmenés…Puissent toutefois ces (trop) nombreuses remarques ne pas vous détourner de la contemplation des belles images ici rassemblées; elles ravissent l’oeil et incitent au rêve.
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Max Schmid & André Giret, 1998, Birkenhalde Verlag (CH Winterthur), relié, sous jaquette illustrée, 23,5×30,5 cm, 150 photos couleurs, 2 cartes, 1 tableau de statistiques, bibliographie, édition trilingue (français, anglais, allemand), 207 p.,
Prix 42 € Franco de port (à commander directement auprès d’André Giret, 5 rue Mercière, 42000 St Étienne)
Nota : 49 € pour les autres pays (port inclus),
ISBN 3-905172-17-8.