ÎLES SAINT-PAUL ET AMSTERDAM
SITUATION GÉOGRAPHIQUE ET PHYSIQUE
Informations géographiques
Le district de Saint-Paul et Amsterdam est situé dans le sud de l’océan Indien à l’extrémité sud-ouest de la plaque australienne, à environ 1 325 km au nord-nord-est des îles Kerguelen.
Les deux îles sont de tailles très différentes, en effet l’île Amsterdam a une superficie de 54 km2 contre 8 km2 seulement pour l’île Saint-Paul.
Toutes deux sont des volcans actuellement inactifs.
Informations géologique de l’île Amsterdam
Amsterdam, située dans l’océan Indien méridional par 37°50′ S et 77°35′ E est une des îles les plus isolées au monde. Elle est située à plus de 3 000 km de tout continent, à mi-chemin entre l’Afrique du Sud et l’Australie.
L’île est d’origine strictement volcanique. Avec l’île Saint-Paul située à 91 km plus au sud, Amsterdam se trouve au sud-ouest de la ride médio-océanique est-Indienne. Les deux îles reposent sur un socle très étroit, qui tombe rapidement à de grandes profondeurs de plus de 3 000 mètres ; elles ont été séparées par la migration vers le sud-ouest du plancher océanique.
De formation très récente, Amsterdam est un volcan relativement simple constitué d’épanchements de lave et de projections de scories basaltiques.
L’île s’est édifiée en deux étapes :
– La première étape est représentée par le Fernand, le Grand balcon et le Pignon. Il s’agit d’un paléovolcan centré sur la partie sud de l’île dont la surface atteignait 44 km2 et dont la caldeira sommitale avait un diamètre d’environ 2 km, il n’en reste plus que 3 km2.
– La seconde étape est à l’origine du néovolcan de la Dives qui traduit un déplacement du centre éruptif de 2 km vers l’est-nord-est. Une petite caldeira de 1,5 km de diamètre coiffe l’édifice et l’on y observe plusieurs niveaux d’un lac de lave d’où sont parties des coulées de lave fluides. Ces coulées ont pu atteindre 3 km de long et beaucoup d’entre elles ont formé des tunnels de lave. La coulée la plus étendue constitue le plateau des Tourbières au sud-ouest de la Grande Marmite.
À la fin de l’activité volcanique, de nombreux cônes scoriacés se sont construits. Il y en a 15 principaux et 10 secondaires. Le plus jeune d’entre eux est le cratère Dumas que la fraîcheur permet de dater du dernier siècle. Excepté de rares et faibles secousses, aucun signe d’activité volcanique n’est plus enregistré sur l’île. Les données paléomagnétiques suggèrent que l’essentiel de l’île s’est formé pendant les 690 000 dernières années et probablement de façon très intense dans l’intervalle 400 000 à 200 000 ans.
Pour plus de photos et de détails, voir le site « Et pourquoi pas » de Gwendoline Désormais.
Tunnel de lave :
https://et-pourquoi-pas-explorer-les-tunnels-de-lave/
Caldeira de la Dives :
https://et-pourquoi-pas-faire-le-transit-pour-entrecasteaux/
Plateau des Tourbières :
https://et-pourquoi-pas-faire-une-premiere-manip-au-plateau-des-tourbieres/
Pointe Del Cano :
https://et-pourquoi-pas-passer-6-jours-a-del-cano/
Topographie du terrain de l’île Amsterdam
L’île a la forme d’une ellipse orientée nord-sud de 9,2 km de longueur et 7,4 km de largeur. La superficie est d’environ 54 km2 et de longueur de côte de 28,5 km.
À la suite d’un effondrement, la partie occidentale est limitée par des falaises de 400 à plus de 700 m de haut conférant à l’île un profil dissymétrique. Dans les autres directions, l’île a grossièrement la forme d’un cône régulier tronqué à l’altitude de 600 à 700 m.
Peu découpées et dépourvues d’abris, les côtes n’offrent qu’un point saillant à l’ouest : la pointe d’Entrecasteaux.
L’île est entièrement ceinturée de falaises à l’exception de deux points, l’un au nord-est de la pointe de la Recherche et l’autre entre la Mare aux Éléphants et la Cale à proximité de la base Martin-de-Viviès.
En dehors des grandes falaises ouest auxquelles ont peut associer le secteur des Grandes ravines au sud, on peut distinguer trois régions :
– Le bas pays jusqu’à l’altitude de 250 m environ est constitué de faibles pentes se terminant par des falaises côtières de 20 à 80 m de haut. En forme de croissant le bas pays comprend au nord le Versant des Taureaux sauvages, à l’est le Versant des Philicas (ou l’on trouve aujourd’hui les derniers peuplements naturels de cet arbre) et au sud le bas du Glacis des joncs et la zone érodée des Terres Rouges. Il est limité en altitude par le relèvement de la pente qui correspond aussi à la limite inférieure du plafond nuageux pendant une bonne partie de l’année.
– Le haut pays, de 250 m à 600 m environ d’altitude, est constitué de pentes moyennes. Le haut pays est beaucoup plus arrosé que le bas pays et la sécheresse estivale (février-mars) y est beaucoup moins marquée en raison de l’importante nébulosité.
– Le plateau central est constitué de deux unités bien distinctes : le Plateau des Tourbières à l’ouest et la Caldeira de la Dives au centre de l’île.
Le Plateau des Tourbières, entre 550 et 600 m d’altitude et d’une surface de 183 hectares, est dominé à l’ouest par le Mont du Fernand (731 m), la Rambarde (616 m) et au sud-est par le Pignon (720 m) qui sont des vestiges du paléovolcan. C’est une surface très plane, mais malgré tout relativement bien drainée.
La Caldeira de la Dives, à une altitude de 700 à 720 m, est dominée au sud et à l’est par le Mont de la Dives (881 m) et la longue crête de son contrefort est. C’est une surface fermée très peu drainée de 81 ha contenant des tourbières saturées en eau parsemées de petits lacs. Elle est divisée en trois parties par l’effondrement du plancher de la caldeira le long de la Barre du Toubib et de la Grande Marche. La partie nord de la caldeira contient en son centre un cône récent : Le Museau de Tanche (748 m).
Autour de ces deux zones planes on peut inclure dans la région du Plateau central les versants sud-est du Pignon, de la Dives ainsi que la zone comprise entre le Faux Sommet, le Brûlot, la Grande marmite et la côte 500 m au nord-ouest du cratère Vulcain.
> Consulter la carte de l’île d’Amsterdam au format PDF
Informations géologiques de l’île Saint-Paul
L’île Saint-Paul appartient au même système volcanique que l’île Amsterdam, lié conjointement à la dorsale est-indienne et à un point chaud. Une faille transformante, perpendiculaire à cette dorsale et passant entre les deux îles les a décalées l’une par rapport à l’autre. L’île Saint-Paul date d’une période allant de 500 000 à 400 000 ans. Elle est globalement plus jeune qu’Amsterdam.
L’île s’est formée en deux épisodes : construction d’un paléovolcan, puis formation d’un néo-volcan dont les produits masquent plus ou moins l’ancien. À son apogée, le volcan a pu atteindre 300 à 400 m d’altitude. La dernière éruption qui s’y est produite date de 1792. Cet épisode tardif explosif a « égueulé » l’île Saint Paul et une faille en a supprimé une bonne partie nord-est qui a sombré en mer. Le résultat spectaculaire est un lac de cratère de plus de 1 km de diamètre et de 80 m de profondeur, ouvert sur l’océan et protégé par un cordon de galets et de blocs rocheux entaillé par une passe peu profonde (de 2 à 3 m).
Un volcanisme récurrent et ponctuel s’est installé dans les parties basses de l’île. La dernière activité volcanique est une fissure orientée selon l’effondrement de l’île (axe NNW-SSE) marquée par des émissions de cendres qui ont saupoudré le flanc sud-est. Des fumerolles et des sources chaudes indiquent la présence, à faible profondeur, d’un corps encore chaud et d’une reprise possible, à tout moment, de l’activité volcanique.
Topographie du terrain de l’île Saint-Paul
L’île Saint-Paul est caractérisée par la présence d’un cratère central envahi par la mer, avec une passe peu profonde délimitée par deux jetées naturelles. Elle mesure environ 5 km dans sa plus grande longueur pour une superficie de 8 km2.
L’île culmine à 268 mètres (la crête de Novara).
Texte de Christian Morino
> Consulter la carte de ÎLES SAINT-PAUL ET AMSTERDAM au format PDF
Histoire
Histoire de l’île Amsterdam
Ce sont les compagnons de Magellan, tué aux Philippines au cours de son tour du monde, qui le 18 mars 1522 à bord du Victoria, sous les ordres de Juan Sébastien Del Cano, découvrirent la plus haute des deux îles, appelée maintenant Amsterdam. Le journal de Francisco Alvo pilote du Victoria venant de Timor (île de la Sonde) et allant au Cap est formel à cet égard. Il y est dit, à la date indiquée, que son navire passant par 37° 35′ de latitude sud, se trouve en vue d’une île élevée ayant environ 6 lieues de tour et paraissant inhabitée, mais qu’on ne peut y prendre pied malgré plusieurs tentatives.
Une centaine d’années plus tard, le navire hollandais Zeewolf commandé par Harwick Claesz de Hillegom aperçut par temps brumeux la plus méridionale des deux îles (Saint-Paul) dont il fixa la latitude 38°50′ sud. N’étant indiquée sur aucune carte, il lui donna le nom de son navire, mais cette désignation ne fut pas adoptée par la suite. Quant à l’origine de ce nom, le géographe et géologue Charles Velain l’a retrouvée dans un portulan (carte marine que l’on dressait au moyen-âge du temps d’Henri II). C’est celui d’Evert Gysserths de 1559 qui indique par 38° de latitude sud une île avec cette mention « tq descrobio o nao S. PAULO ».
Le 11 juin 1633, le gouverneur hollandais Van Diemen en se rendant à Java, passe entre deux îles à bord de son navire le Nieuw Amsterdam, donnant ce nom à la plus septentrionale des deux îles.
Le premier débarquement eut lieu seulement en 1696, par le hollandais De Vlaming. Son récit donne peu de détails sur Amsterdam, mais contient une intéressante description de Saint-Paul et l’opinion accrédita que la découverte de ces îles était due à De Vlaming.
En 1792, l’amiral d’Entrecasteaux et Huon de Kermadec, allant en Tasmanie à la recherche de La Pérouse avec deux flûtes de 500 tonneaux (La Recherche et l’Esperance) qui s’arrêtent les 28 et 29 mars devant Amsterdam, ce qui permit à l’ingénieur Beautemps Beaupré de faire un rapide lever de la côte orientale.
Un groupe de commerçant de l’île Bourbon (La Réunion), désireux d’organiser une station de pêche à Saint-Paul, pressa le gouvernement de prendre possession de ces deux îles. Celui-ci par arrêté en date du 8 juin 1843, charge le capitaine au long cours Marin Dupeyrat de cette mission. C’est ainsi qu’aurait dû devenir française l’île Amsterdam le 1er juillet 1843. Le pavillon national y fut hissé et le capitaine Dupeyrat retourna à bord de son bateau, l’Olympe, vers la Réunion, laissant à Saint-Paul le premier détachement de marine et quelques pêcheurs. Six mois plus tard, le capitaine Guerin chargé de ravitailler la petite garnison à Saint-Paul et les pêcheurs établis dans le cratère, rentre et fait un rapport pessimiste sur les ressources et les conditions de vie offertes par l’île. Dès l’année suivante, le gouvernement fait savoir qu’il ne ratifie pas le récent acte de possession, la garnison est alors évacuée. L’établissement de pêche, privé d’appuis officiels, périclite et doit être abandonné en 1853.
Ces îles redeviennent des îles à conquérir et bien que sans propriétaires, elles seront assez souvent visitées, cette seconde moitié du XIXe siècle étant marqué par plusieurs expéditions scientifiques. Amsterdam, qui jusque-là n’avait vu que quelques pêcheurs, chasseurs d’otaries ou naufragés, va devenir dès le mois de décembre 1870, une terre à coloniser, du fait d’un habitant de la Réunion, Heurtin qui débarque de La Sarcelle, le 18 janvier 1871, avec sa famille et quelques compagnons pour tenter des essais de culture et d’élevage de bovidés. Les résultats furent négatifs et Heurtin et les siens retournèrent à la Réunion le 19 août 1871.
Depuis l’expédition de Dupeyrat en 1843, les pêcheurs de la Réunion, qui continuaient à fréquenter les deux îles, étaient persuadés de leur appartenance à la France. L’incertitude régnera jusqu’en octobre 1892, époque où l’aviso La Bourdonnais se voit confier la mission de venir hisser le pavillon français sur ces deux îles. Malgré une mer houleuse, la cérémonie eut lieu à Amsterdam, mais la même opération se solda par un échec à Saint-Paul. En janvier 1893, lors de son retour des îles Kerguelen, L’Eure renouvelle la prise de possession. Ces îles sombraient dans l’oubli, lorsqu’un décret du 21 novembre 1924 les rattache à la province de Tamatave à Madagascar.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, ces îles furent peu visitées, mais les Anglais songèrent à installer une station météorologique, à Saint-Paul. La France reprendra ce projet en considération quelques années plus tard ; une île située sensiblement à égale distance de l’Antarctique, de l’Australie et de l’Afrique du Sud se devait de recevoir une station météo. C’est pourquoi, le 31 décembre 1949, le langoustier Sapmer , commandé par le capitaine Verdavaine, débarque à Amsterdam la première mission dirigée par Paul Martin de Vivies.
Depuis une base scientifique permanente, la base Martin-de-Viviès, est installée sur Amsterdam et accueille sans discontinuer depuis 1949 des missions successives qui comptent entre 23 et 35 personnes selon la saison (mais aucune population résidente ne vit sur l’île Amsterdam).
La base a évolué au cours du temps :
Plan de la base en 1994 :
> Consulter le plan de la base en 1994 au format JPG
Plan de la base en 2013 :
> Consulter le plan de la base en 2013 au format JPG
Depuis 2019, les points suivants ont changé :
– Point 8 : il n’existe plus,
– Point 11 : la bibliothèque et l’atelier chaud/froid ne sont plus là,
– Point 28 : la bibliothèque a été rajoutée,
– Point 23 : il y a maintenant les congélateurs (nom Obélix),
– Points 1 et 4 : le numéro du programme a changé,
– Point 41 : ce sont les logements de l’armée de l’air,
– Points 45 et 47 : il n’existe plus,
– Point 48 : il n’y a plus d’abri sismo (le reste est identique),
– Point 66 : le nom exact est shelter du magnétisme (le reste est identique).
Une des particularités de l’île d’Amsterdam est la présence de plusieurs jardins qui ont évolué depuis leur création.
Ces jardins racontent l’histoire de la vie des humains depuis leur arrivée et leur installation sur l’île.
Venez découvrir ces jardins sur le blog du district de Saint-Paul et Amsterdam :
http://saintpauletamsterdam.blogspot.com/2020/05/les-jardins-secrets-damsterdam.html
Il n’y a aucune présence humaine permanente sur l’île Saint-Paul qui n’est visitée que lors de brèves expéditions scientifiques. En dehors des missions scientifiques, l’accès sur l’île est désormais interdit pour des raisons environnementales.
Les deux îles sont protégées au sein de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises. Cette protection couvre tant leurs espaces terrestres que leurs eaux territoriales respectives.
Voir cet article dans les Annales de géographie (année 1893) : les îles Saint-Paul et Amsterdam
https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1893_num_2_7_7216
Pour plus de détail vous pouvez lire Les terres australes d’Edgar Aubert de La Rüe :
https://books.google.fr/Les-terres-australes-d’Edgar-Aubert-de-La-Rue
Texte de Christian Morino
LE CLIMAT
Le climat de l’île Amsterdam
L’île Amsterdam présente le climat le plus clément des îles subantarctiques. Il se rapproche de celui de la Bretagne. Il contraste avec celui des autres bases, c’est pour cela qu’elle est souvent appelée l’île tropicale des îles subantarctiques.
L’île Amsterdam est soumise à un climat de type océanique tempéré. La zone de convergence des eaux subtropicales et subantarctiques se trouve à environ 600 km plus au sud et la température de la mer en surface varie approximativement de 12 °C en août à 18 °C en février.
La température de l’air sous abris varie de 11 °C en août à 18 °C en février, la moyenne annuelle étant de 14 °C. Les masses océaniques qui entourent l’île constituent un puissant volant thermique, expliquant cette faible amplitude saisonnière.
En revanche, on observe là aussi un effet du réchauffement climatique avec une hausse du nombre de jours avec une température supérieure à 20 °C.
L’humidité est généralement élevée et ne présente que peu de variation d’un mois à l’autre (80 % en mars et 83 % en novembre). Ce fait est principalement dû à une nébulosité importante et à la fréquence de plafond nuageux bas. La fréquence des brouillards est quant à elle assez faible d’une dizaine de jours par an.
Les précipitations sont relativement abondantes avec 1114 mm de moyenne annuelle répartie sur presque 240 jours. Les pluies fines sont majoritaires, mais l’on observe là aussi une baisse de la précipitation avec une moyenne en dessous de 1000 mm, les quatre dernières années.
Des chutes de grêles, grésils ou de neiges sont parfois observées en hiver, mais sur le haut de l’île. Les mois de décembre à mars sont les mois arrosés. Une courte saison sèche existe en février et mars (les deux seuls mois de l’année avec une évaporation supérieure aux précipitations) dont l’effet est amplifié à basse altitude par la forte perméabilité et la faible capacité de rétention en eau du substrat rocheux.
L’insolation est relativement importante, les mois de décembre à mars étant les mieux ensoleillés.
Le vent est une composante climatique importante de cette région avec une vitesse moyenne de 27 km/h et 150 jours par vent fort (supérieur à 16 m/s soit 55,6 km/h). Les vents de secteur ouest sont prédominants, les directions les plus fréquentes étant ouest, ouest-nord-ouest et nord-ouest.
Voir le site d’Infoclimat pour plus de détail :
https://www.infoclimat.fr/climatologie/globale/ile-d-amsterdam-martin-de-vivies/61996.html
Le climat de l’île Saint-Paul
Son climat est identique à celui de l’île Amsterdam, de type océanique tempéré.
La température moyenne annuelle se situe entre 12 et 14 °C, avec des extrêmes, oscillant entre 2 et 26 °C. Les précipitations sont de l’ordre de 1 100 à 1 200 mm par an, sur une période d’environ 230 jours de pluie par an. Les vents dominants sont de secteur nord-ouest et correspondent à la limite nord des « Quarantièmes Rugissants ». La vitesse moyenne annuelle des vents enregistrés au niveau de la mer est de 27 km/h. Les vents violents (> 60 km/h) sont enregistrés 163 jours par an.
Texte de Christian Morino
LA FAUNE
La faune de l’île Amsterdam
La position isolée de l’île Amsterdam donne un grand intérêt à sa faune. Elle est principalement constituée d’animaux marins et d’oiseaux qui viennent nicher dont, en particulier, une espèce endémique d’albatros : l’albatros d’Amsterdam qui ne niche que sur cette île.
Voici la liste des animaux présents :
L’albatros d’Amsterdam (Diomedea amsterdamensis) :
Envergure moyenne de 3,20 m et poids de 4,8 à 8 kg.
Plumage blanc et gris-brun, bec gris avec bout rosâtre.
Se nourrit de poissons et calamars.
Niche uniquement sur l’île Amsterdam, vers 500 à 600 m d’altitude sur les mousses du plateau des tourbières. Les albatros arrivent fin janvier, parades des couples reproducteurs début février, ponte d’un unique œuf fin février. Le mâle et la femelle couvent l’œuf en relais. Naissance du poussin en mai, il ne quitte le nid qu’en janvier.
Les jeunes albatros reviendront sept ans plus tard pour y commencer à parader. Cependant, il faudra qu’ils attendent d’avoir au moins l’âge de 12 ans pour avoir un cycle de reproduction réussi.
Il peut vivre très longtemps, sa durée de vie est de l’ordre de 80 ans.
C’est un oiseau qui a un taux de fécondité très faible, un poussin naît tous les deux ans au maximum. Si la reproduction a échoué suffisamment tôt dans la saison, l’albatros d’Amsterdam peut la retenter l’année suivante.
À partir de la première reproduction avec succès, le couple d’albatros d’Amsterdam est très fidèle. C’est l’un des plus grands albatros, il a été seulement découvert en 1982, il fait partie de la liste des 100 espèces les plus menacées au monde. Le nombre d’individus est estimé à entre 160 et 170 oiseaux (dont 80 à 90 capables de se reproduire), ce qui en fait l’albatros le plus rare au monde.
L’albatros Fuligineux à dos sombre (Phoebetria fusca) :
Envergure moyenne de 2 m et poids de 1,8 à 3 kg.
Plumage noir à gris foncé, bec avec liseré jaune.
Se nourrit de céphalopodes, poissons, crustacés.
Niche en hauteur sur des falaises escarpées d’Entrecasteaux et du mont du Fernand. Les couples arrivent vers juillet, ponte d’un unique œuf vers fin septembre, éclosion fin novembre – début décembre. Le poussin est nourri tous les 5 à 6 jours, il quitte le nid fin mai.
Les jeunes fuligineux reviendront trois ans plus tard pour parader et former un couple qui durera toute la vie.
C’est un oiseau qui a un taux de fécondité très faible avec un œuf tous les deux ans.
Il peut vivre très longtemps, sa durée de vie est de l’ordre de 80 ans.
Il y a presque 93 000 individus. Il niche sur les îles Tristan da Cunha, Marion et Prince-Édouard, Kerguelen, Crozet, Saint-Paul et Amsterdam.
L’Albatros à bec jaune (Thalassarche chlororhynchos) :
Envergure moyenne de 1,80 m, poids de 2,1 à 2,2 kg.
Plumage blanc et brun foncé, bec noir avec une bande jaune sur le dessus.
Se nourrit de calamar et thazard (poisson).
Niche en moyenne altitude sur les falaises d’Entrecasteaux et en contrebas du mont Fernand, sur des pentes de 35° en moyenne. Les couples arrivent fin août, ponte d’un unique œuf fin septembre , éclosion deux mois plus tard. Le mâle et la femelle couvent l’œuf en relais , le poussin quitte le nid courant janvier.
Les jeunes bec jaune reviendront 4 ans plus tard, pour y commencer à parader. Cependant, il faudra qu’ils attendent d’avoir au moins l’âge de 9 ans environ pour avoir un cycle de reproduction réussi.
Il y a presque 37 000 individus à l’île Amsterdam, ce qui représente 70 % de la population mondiale.
Pour plus de photos et de détails, voir le site « Et pourquoi pas » de Gwendoline Désormais :
https://et-pourquoi-pas-passer-10-jours-a-entrecasteaux/
Le Skua subantarctique (Stercorarius antarcticus) :
Envergure moyenne de 1,3 m, poids de 1,3 à 1,8 kg.
Plumage marron foncé avec des taches blanches.
C’est un prédateur des autres oiseaux (œufs, poussins, cadavres, etc.). Il attaque même les manchots et gorfous sauteurs isolés ou affaiblis.
Niche sur le plateau des Tourbières. Ponte d’un unique œuf en octobre, éclosion en novembre. Le poussin quitte le nid courant janvier.
Très peu d’individus à l’île Amsterdam, la population est estimée à environ 25 couples nicheurs.
Pour plus de photos et de détails, voir le site « Et pourquoi pas » de Gwendoline Désormais :
https:/et-pourquoi-pas-faire-une-manip-skua/
La Sterne subantarctique (Sterna vittata) :
Envergure moyenne 75 cm.
Se nourrit surtout de petits poissons de petits invertébrés marins.
Plumage gris clair, calotte noire, bec rouge.
Niche le long des falaises avec faible végétation. Ponte de deux œufs en novembre, éclosion une vingtaine de jours après la ponte, les poussins quittent le nid 30 jours après l’éclosion.
Très peu d’individus à l’île Amsterdam, la population est estimée d’environ une centaine d’individus.
Le Pétrel géant (Macronectes giganteus) :
Envergure moyenne de 1,80 à 2,10 m, poids de 3,6 à 5 kg.
Le pétrel géant présente deux phases de couleurs, une blanche et une foncée.
Les individus adultes en phase blanche sont blancs avec des taches foncées assez nombreuses.
Les individus de phase foncée sont tout d’abord entièrement sombres puis acquièrent lentement le plumage adulte, qui présente des taches claires sur la tête et la poitrine.
Le pétrel géant est un oiseau opportuniste. Il se nourrit sur les carcasses des mammifères marins échoués sur les rives, et d’oiseaux morts. Il se déplace facilement sur le sol et attaque les nids des autres oiseaux.
Ne niche pas à l’île Amsterdam. Seulement quelques individus de passage en mer, au bord des côtes, notamment lors de l’arrivée des gorfous sauteurs sur l’île.
L’Otarie à fourrure d’Amsterdam (Arctocephalus tropicalis) :
Les mâles mesurent jusqu’à 1,80 m avec un poids de 80 à 120 kg pour un adulte et les femelles mesurent jusqu’à 1,45 m avec un poids de 40 à 55 kg pour un adulte.
Les mâles sont brun orangé à brun foncé sur le dos et brun clair sur le ventre, ils possèdent une crête de poils dressés verticalement au niveau du front. Les femelles sont gris-marron sur le dos et brun clair sur la face ventrale.
Habitat : côtes rocheuses sur les îles Amsterdam et Saint-Paul.
Se nourrit de crustacés, poissons, calamars et poulpes.
Les mâles reviennent en octobre pour conquérir des territoires, les plus vigoureux d’entre eux contrôlent des groupes de femelles qui arrivent peu après et mettent bas fin novembre à fin décembre. Une semaine après les naissances, les femelles s’accouplent à nouveau. Les petits, qui pèsent 4,5 Kg en moyenne à la naissance seront allaités jusqu’au mois d’octobre environ.
Les non-reproducteurs (âgés de moins de 6 ans) se regroupent dans des zones distinctes de celles de reproducteurs et sont présents toute l’année.
Population en fin de recolonisation (suite aux massacres des phoquiers à la fin du siècle dernier) à Amsterdam des dizaines de milliers, beaucoup moins à Saint-Paul.
Pour plus de photos et de détails, voir le site « Et pourquoi pas » de Gwendoline Désormais :
https://et-pourquoi-pas-nager-avec-les-otaries/
https://et-pourquoi-pas-faire-une-belle-rencontre/
https://et-pourquoi-pas-retourner-faire-des-photos-a-la-cale/
Le Gorfou sauteur subtropical (Eudyptes moseleyi) :
Petit manchot de 50 cm et de poids de 2 à 3 kg.
Couleur ardoise et blanc, œil rouge foncé, tête ornée d’aigrettes de plumes jaunes.
Se nourrit de crustacés, poissons et de céphalopodes.
Habitat : éboulis de rochers, fortes pentes et bas des falaises.
Les colonies sont situées à l’ouest de l’île, de la pointe de La Rookerie à la pointe Del Cano.
Arrivée fin juillet début août, ponte début septembre. Les éclosions commencent début octobre.
Deux œufs sont pondus, mais un seul poussin sera élevé jusqu’à la fin de sa mue, fin décembre, date à laquelle les poussins quittent les colonies. Ces dernières sont vides fin mars début avril après la mue des reproducteurs.
Pour plus de photos et de détails, voir le site « Et pourquoi pas » de Gwendoline Désormais :
https://et-pourquoi-pas-voir-un-gorfou-couver-ses-oeufs/
L’Éléphant de mer (Mirounga leonina) :
Taille : de 4 à 6 m pour les mâles et de 2,70 à 3,00 m pour les femelles et de poids de 500 à 2000 kg (certains mâles peuvent aller jusqu’à quatre tonnes).
Les éléphants de mer du sud sont les plus imposants représentants des phoques et il est plus massif que son cousin du nord. Le pelage peut varier du gris au brun selon l’âge. Chez le mâle dominant, les narines se développent en forme de trompe.
L’éléphant de mer passe le plus clair de son temps dans l’eau. Ils plongent profondément à la recherche de proies. Le record de plongée constaté a été de 1 998 mètres et de deux heures pour la durée d’immersion.
Le régime alimentaire de l’éléphant de mer du sud est principalement composé de poissons et de céphalopodes, mais il peut également se nourrir de mollusques et de krill.
Ne se reproduit pas à l’île Amsterdam, seulement quelques individus de passage presque tout au long de l’année.
L’Orque (Orcinus orca) :
Taille : de 6 à 9 m.
Corps noir avec des taches blanches, aileron dorsal très haut, jusqu’à 1,80 m chez les mâles. Chez ces derniers, il est droit, tandis que l’aileron des femelles est courbé vers l’arrière.
On les voit passer à quelques centaines de mètres du rivage, principalement l’été. Les orques se déplacent en bande et peuvent atteindre la vitesse de 25 nœuds.
Pour plus de photos et de détails, voir le site « Et pourquoi pas » de Gwendoline Désormais :
https://et-pourquoi-pas-voir-des-orques/
Visiteurs occasionnels
Le Léopard de mer (Hydrurga leptonyx) :
Les adultes peuvent mesurer jusqu’à 3,60 m.
Dos gris foncé, ventre clair tacheté de noir, tête allongée munie d’une mâchoire impressionnante.
Phoque d’eaux froides de l’Antarctique, qui migre vers le nord durant l’hiver et peut se rencontrer jusqu’a l’île Amsterdam.
Régime alimentaire très varié : krill, poissons, oiseaux, manchots, jeunes phoques crabiers (en Antarctique).
Les Baleines :
Entre les mois de janvier à avril, on peut observer de nombreux souffles de baleine. Les plus facilement observables et impressionnants étant ceux de la baleine bleue (Balaenoptera musculus) et du rorqual commun (Balaenoptera physalus) variant entre 9 et 12 mètres de haut. Le passage de mégaptères (Megaptera novaeangliae), de baleine franche australe (Balaena glacialis) de rorqual de rudolphi et de cachalot (Physeter macrocephalus) est quasi certain. Il s’agirait probablement à cette période d’une migration de l’Antarctique (zones d’alimentation) vers les tropiques (zones de reproduction).
Pour plus de détail sur les visiteurs d’Amsterdam, voir le site du blog du district d’Amsterdam et Saint-Paul de l’année 2015 :
http://saintpauletamsterdam.blogspot.com/les-visiteurs-de-lile-dams-terre-dames.html
Il n’existe aucune espèce de reptile, ni d’amphibien, ni de mammifère terrestre indigène sur l’île Amsterdam, mais malheureusement des mammifères ont été introduits par l’homme. L’impact de la faune introduite dans les milieux insulaires, n’est plus à démontrer : prédation, abroutissement, piétinement, réservoirs de pathogènes, etc.
Dates de signalement d’animaux introduits sur l’île Amsterdam :
http://saintpauletamsterdam.blogspot.com/mammiferes-introduits-une-nouvelle.html
Les vaches :
De 1871 à 2010, un troupeau de plusieurs centaines de vaches sauvages, descendantes d’un élevage tenté par le Réunionnais Heurtin au XIXe siècle a existé sur l’île Amsterdam. Les bovins ont été abandonnés sur l’île après le départ de ce dernier, ils se sont reproduits jusqu’à gravement modifier l’équilibre naturel, surtout la flore en faisant pratiquement disparaître l’unique espèce d’arbre Phylica arborea.
En 1988, il était estimé qu’environ 2 000 bovins vivaient sur l’île. À cette date, pour préserver ce qui restait de l’environnement, une importante réduction du bétail fut décidée et les bovins restants ont été cantonnés à une partie de l’île grâce à une longue barrière barbelée qui fut achevée en 1992. Les habitants de la base scientifique ont utilisé ce cheptel pour leur alimentation, tout en étudiant le phénomène de marronnage.
En 2007, après une étude montrant que les zones qui n’étaient plus pâturées étaient recolonisées par des plantes endémiques, la décision est prise d’abattre tout le troupeau. L’abattage a débuté en 2008 et s’est achevé en 2010. Depuis, la clôture Heurtin a été démantelée de ses barbelés. Il ne reste désormais plus aucune trace des bovins amenés par les humains en 1871, si ce n’est les dommages faits à la flore endogène, laquelle se reconstitue lentement.
Trois espèces de mammifères sont encore présentes introduites par l’homme :
Les rats surmulots (Rattus norvegicus) et les souris domestiques (Mus musculus) :
Ils sont arrivés par des bateaux de pêche au XVIIIe siècle et au XIXe siècle. Le rat surmulot est suspecté d’être un réservoir de la bactérie Pasteurella multocida responsable du choléra aviaire. Cette maladie décime ces dernières années les poussins d’albatros à bec jaune (Thalassarque carteri), dont les deux tiers de la population mondiale nichent dans les falaises d’Entrecasteaux.
Le chat haret (chat domestique retourné à l’état sauvage) :
il a été introduit par l’homme pour combattre la surpopulation des rats et des souris. Du fait de l’absence de prédateur et surtout avec la présence d’un « garde manger » (souris et rats) abondant, sa population n’a fait qu’augmenter, sans qu’on en connaisse leur nombre exact. Malheureusement, son impact n’est probablement pas négligeable avec une prédation sur la faune native de l’île.
Un des objectifs principaux du prochain plan de gestion de la réserve naturelle est donc d’envisager l’éradication simultanée sur l’île Amsterdam du rat surmulot, de la souris domestique et du chat haret.
Texte de Christian Morino
Insectes d’Amsterdam
Brachypteragrotis patricei :
Brachypteragrotis patricei Viette 1959, est un papillon inapte au vol endémique de l’île Amsterdam, c’est-à-dire qu’il existe nulle part ailleurs dans le monde.
La petite taille de l’imago (stade adulte), 11 à 12mm d’envergure pour 12 à 13mm de longueur, et sa coloration brune le rend très discret mais quand on le regarde de près il a la particularité, hormis au niveau des yeux, d’être entièrement revêtu d’écailles. Les ailes, de 3 à 4mm, sont réduites à l’état de moignon, les postérieures sont plus petites que les antérieures. Les antennes, de 5 à 6mm, sont plus épaisses chez le mâle que chez la femelle. Soyeuses, elles ont une couronne de courts cils à la base de chaque article. Les 3 paires de pattes sont abondamment couvertes de longues épines, les postérieures faisant environ 6mm.
http://saintpauletamsterdam.blogspot.com/2022/01/les-premieres-images-dun-papillon.html
Crambus viettellus
Crambus viettellus, Błeszyński & Collins 1962 [Lepidoptera : Crambidae : Crambinae], est une noctuelle endémique de l’île Amsterdam, c’est-à-dire qu’elle existe nulle part ailleurs dans le monde. Les noctuelles sont des papillons de nuit, auparavant appelés Hétérocères
La petite taille de l’imago (stade adulte), 15mm d’envergure (ailes déployées) pour 8 à 9mm de longueur, et sa coloration grise le rend discret mais il est généralement actif, même de jour, et peut facilement être remarqué. Les ailes antérieures, recouvertes d’écailles, font généralement 7mm de longueur, les postérieures étant très fortement réduites. Les longues antennes dépassent généralement 5mm. Caractéristique typique de la famille, les palpes labiaux, tout comme les yeux, sont proéminents.
http://saintpauletamsterdam.blogspot.com/2022/12/premieres-images-dun-papillon-endemique.html
Trimicra pauliani
Trimicra pauliani Séguy, 1959 (Diptera : Tipuloidea : Limoniidae), est une tipule endémique de l’île Amsterdam.
Les tipules sont des diptères, insectes dotés d’une seule paire d’ailes membraneuses, nématocères, vulgairement appelés « cousins ». Les ailes postérieures sont remplacées par des « balanciers », aussi appelés « haltères », organes intervenants dans l’équilibration, notamment du vol.
L’imago est de petite taille, avec un corps de 4.5 à 6mm de long et des ailes de 1.2 à 5.5mm. De manière générale, on rencontre des formes avec des ailes plus ou moins réduites, de complètes à très réduites et non fonctionnelles
Les pattes, tout comme l’abdomen, sont fortement hispides, surtout chez les individus mâles. Les balanciers, de 1mm, ont un cuilleron jaunâtre. L’ovipositeur fait généralement 0.5mm. Les antennes sont plus longues chez les individus mâles.
http://saintpauletamsterdam.blogspot.com/2022/11/la-tipule-inapte-au-vol-espece.html
Découvert il y a près de 66 ans, aucune photo de ces spécimens en milieu naturel n’avait encore été publiée.
Texte et photographies sur les insectes de Flavien Saboureau
Poissons et crustacés d’Amsterdam
Bovichtus veneris
Poisson côtier, il est le seul endémique du district de Saint-Paul et Amsterdam
On l’observe régulièrement posé sur les roches au fond de l’eau, dans les faibles profondeurs.
Les nageoires pelviennes (ventrales) de ce poisson sont situées très en avant du corps.
Les nageoires pectorales sont grandes et très robustes.
Le Bovichtus veneris ne dépasse pas les 20 cm.
Suezichtys ornatus
Toujours près du bord de l’eau, le Suezichtys ornatus se remarque facilement par ses couleurs vives.
Ce petit poisson peut mesurer jusqu’à une quinzaine de centimètres.
Il est très abondant le long des côtes de l’île, entre les rochers et les algues.
Nemadactylus monodactylus
L’espèce la plus abondante dans les eaux du district de Saint-Paul et Amsterdam est sans nul doute le Nemadactylus monodactylus, qui est souvent appelé le Bleu.
Ce poisson tient son nom commun de sa couleur.
Cette espèce se rencontre en abondance dans les eaux côtières, mais également plus au large.
Il peut atteindre facilement les 40 cm, forme parfois des bancs de plusieurs dizaines à des centaines d’individus.
Serranus novemcinctus
Il est souvent appeler le Rouge.
Quelques Serranus novemcinctus sont également visibles à faible profondeur, mais il est plus abondant dans les eaux profondes.
Ils se reconnaissent sans difficulté grâce aux zébrures sombres verticales sur leur corps et à leur couleur rougeâtre. Il peut atteindre les 30 cm.
Latris lineata.
il est souvent appeler fausse morue.
Le Latris lineata a le corps blanc teinté de jaune cuivrée avec trois rayures longitudinales foncées presque noires allant de la tête à la queue sur le haut du flanc et une large bande parfois diffuse sur la partie inférieure.
Une bande plus sombre barre sa tête, de la bouche au haut de l’opercule. Le profil de la tête est busqué à partir de l’œil. Les nageoires sont jaunes.
Il se rencontre en petits effectifs près du bord de l’eau, mais il est plus abondant à plus grande profondeur.
Les individus de plus de 80 cm ne sont pas rares.
Jasus paulensis.
Plus connue sous le nom de langouste de St Paul ou Amsterdam, c’est une des « stars » des eaux côtières.
Abondante dans les fonds rocheux, on la trouve la plupart du temps sous et entre les pierres, mais il peut être pêché à plus de 800m de profondeur.
La pêche à la langouste dans les TAAF est exploitée depuis 1948 par la SAPMER. Elle a été récompensée par la certification Marine Stewardship Council (MSC) en 2020.
Autrefois l’espèce était considérée endémique du district de Saint-Paul et Amsterdam.
Une espèce très proche, Jasus tristani, considérée endémique de l’île du même nom, a depuis été rattachée à l’espèce Jaus paulensis.
Pour plus de détail, voir l’article du Blog du district de Saint-Paul et Amsterdam :
https://saintpauletamsterdam.blogspot.com/2022/03/la-faune-marine-cotiere-de-lile.html
Photo de Quentin Orchymont
La faune de l’île Saint-Paul
Sa faune, constituée d’oiseaux et de mammifères marins, est semblable à celle de l’île Amsterdam (sauf l’absence de l’albatros d’Amsterdam qui niche uniquement sur l’île Amsterdam).
L’introduction de rats et de lapins par les navigateurs a cependant failli causer la disparition des oiseaux, en raison de la destruction des sites de nidification et du prélèvement des œufs et des poussins par les rats. La population de rats à la fin des années 1990 été estimée entre 50000 et 100 000 individus.
Seul l’îlot La Quille qui est séparé de l’île par un bras de mer a été épargné.
Grâce à des fonds européens, un programme d’éradication des rats et des lapins été lancée en 1997. La méthode utilisée fut le lâcher d’appâts empoisonnés par hélicoptère. Les lapins ont eux subi deux campagnes d’éradication à la même époque avec la présence d’un chasseur sur place, et leur disparition a pu être confirmée après la seconde campagne. L’île a été entièrement dératisée en 1999. Les souris Mus musculus, bien moins dangereuses, sont en revanche toujours présentes.
Depuis, la population d’oiseaux maritimes s’est progressivement reconstitué et ont repeuplé l’île grâce notamment aux oiseaux et pétrels présentent sur la Quille.
Lire cet article en anglais sur la recolonisation des pétrels sur l’île Saint-Paul :
https://www.notornis.osnz.org.nz/system/files/Thiebot%20et%20al.%202010.pdf
En 2024, une opération d’éradication des animaux introduits, chats et rongeurs va être réalisée :
Programme RECI (Restauration des écosystèmes insulaires de l’océan Indien)
Lire aussi cette article : L’écosystème de l’île Amsterdam bientôt libéré des animaux introduits
https://www.lepoint.fr/societe/l-ecosysteme-de-l-ile-amsterdam-bientot-libere-des-animaux-introduits-10-01-2023-2504261_23.php#11
Texte de Christian Morino
LA FLORE D'AMSTERDAM ET DE SAINT-PAUL
La végétation des îles Amsterdam et Saint-Paul est constituée d’espèces propres à la région subantarctique, mais contient également de nombreuses espèces introduites. Contrairement à la faune qu’on trouve en abondance dans les TAAF, la flore y est relativement pauvre et l’île Amsterdam se démarque, par la présentant sur son sol, du seul arbre des îles subantarctiques, mais aussi de quelques espèces endémiques (qui n’existent nulle part ailleurs).
Si on ne devait retenir qu’une espèce végétale d’Amsterdam, ce serait sans aucun doute le Phylica arborea. Elle est la seule plante ligneuse arborescente indigène des TAAF. Cette espèce est également présente dans des îles du sud de l’Atlantique (Tristan da Cunha, Gough…). Le transport des graines par l’albatros à bec jaune (Thalassarche chlororhynchos), qui niche aussi sur ces îles pourrait expliquer cette parenté à longue distance.
Le reste de la végétation d’Amsterdam est généralement de type herbacé. À cause de l’introduction de bovins, les communautés végétales présentes à basse altitude sont composées essentiellement de plantes allochtones résistant bien au pâturage et au piétinement, en particulier : la houlque laineuse Holcus lanatus, le liondent Leontodon taraxacoides et le chardon Cirsium vulgare. Depuis l’élimination de ces bovins, les plantes autochtones recolonisent petit à petit cet espace.
Voici quelques exemples de plantes présentes sur Amsterdam et Saint-Paul :
Phylica arborea (Rhamnaceae)
Formant initialement une ceinture quasi continue sur la façade est de l’île Amsterdam entre 100 et 250 m d’altitude les peuplements ont été fortement réduits par des incendies de grande ampleur, généralement d’origine humaine et accidentelle, par les prélèvements de bois des marins de passage, et par l’impact des bovins à partir de 1871.
En 1726, Valentyn décrit une forêt de phylicas formant une ceinture sur 1 500 ha (environ 27 % de la surface de l’île sur son versant est) entre 100 et 250 m d’altitude, dense au point d’être quasiment impénétrable. En 1875, Vélain estime que la forêt dense ne couvre plus que 250 ha.
Au milieu des années 1980, il ne restait que quelques arbres résiduels et un peuplement de quelques hectares (le Bois de phylicas). Un programme de replantation a été engagé dans les années 1980 et se poursuit actuellement sous l’égide de la réserve naturelle avec des plants obtenus à partir de graines recueillies sur place.
Sur la photo, au premier plan, des arbres âgés dans une coulée au lieu-dit le Vieux Bois, au second plan une plantation réalisée en 1989.
Plantago stauntoni (Plantaginaceae)
Endémique des îles Saint-Paul et Amsterdam ce plantain se rencontre à toutes les altitudes, souvent dans des zones présentant du sol nu, par exemple sur les Terres rouges à Amsterdam et sur les crêtes très exposées de Saint-Paul.
Bryophytes
Les bryophytes (mousses et hépatiques) sont abondantes dans les îles subantarctiques. On en dénombre déjà plusieurs dizaines d’espèces et ce nombre augmente régulièrement grâce aux recherches en cours sur ce groupe.
Les sphaignes (un groupe de mousses) sont absentes de Crozet et Kerguelen, mais présentes à Saint-Paul et abondantes sur Amsterdam, en particulier dans les tourbières d’altitude où elles constituent des accumulations pouvant atteindre plus de cinq mètres d’épaisseur dans le secteur du lac Bleu. Les trois espèces présentes à Amsterdam sont endémiques : Sphagnum islei et deux espèces décrites en 2011, Sphagnum cavernulosum et Sphagnum complanatum (Flatberg et al 2011 Journal of Bryology 33 : 105-121). Deux autres espèces sont présentes à Saint-Paul, en particulier dans le secteur très particulier des Terres chaudes sur les versants extérieurs du cratère.
Sur la photo, sphaignes (en orange, rouge et vert tendre) en mélange avec des mousses (en blanc, Racomitrium lanuginosum) et de petites fougères (Austroblechnum penna-marina).
Holcus lanatus (Poaceae)
La houlque laineuse est une graminée introduite qui, après l’éradication des bovins, a formé rapidement des tapis très denses laissant peu de place pour l’installation d’autres espèces.
Ici sur la photo, une illustration au sud de la Coulée Heurtin où les bovins ont été éliminés en 1988-89. Sur ce site où le sol avait été très dégradé par les bovins, la houlque est encore largement présente trente ans après l’éradication, mais on observe la lente progression de quelques espèces autochtones comme le scirpe Ficinia nodosa et la fougère Austroblechnum penna-marina, qui n’étaient plus présentes dans les années 1980.
Poa novarae (Poaceae)
Cette graminée est endémique des îles Amsterdam et Saint-Paul. Sur Amsterdam elle avait été très impactée par les bovins qui la consommaient.
Au début des années 1980, on la trouvait surtout dans des endroits inaccessibles aux vaches : falaises, pitons rocheux, coulées, en bas des falaises d’Entrecasteaux.
Depuis l’éradication des bovins, elle recolonise de larges secteurs, surtout lorsque le sol n’avait pas été trop érodé.
Sur la photo, Poa novarae à Entrecasteaux.
Ficinia nodosa (Cyperaceae)
Ce scirpe autochtone, assez répandu dans l’hémisphère sud (Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique) est présent à Saint-Paul et Amsterdam où il est l’espèce dominante du Glacis des Joncs.
Dans certains endroits (comme le Glacis des Joncs), elle atteint presque la hauteur d’un homme et ses tiges sont tellement serrées et enchevêtrées qu’elles rendent la marche extrêmement difficile.
Megalastrum taafense (Dryopteridaceae)
Cette grande fougère est endémique des îles Amsterdam et Saint-Paul où on la trouve souvent dans des coulées ombragées.
Observée dès 1874 par de l’Isle à Saint-Paul et en 1963 par Lourteig et Cour sur Amsterdam, cette espèce avait été mal identifiée.
Une révision du genre Megalastrum publiée en 2010 (Sundue et al. Systematic Botany 35 : 461-475) lui confère le statut d’endémique et souligne sa proximité avec une espèce de Tristan da Cunha dans l’Atlantique sud.
Voir le blog du district de Saint-Paul et Amsterdam en 2016 :
http://saintpauletamsterdam.blogspot.com/2016/
Pour d’autres détails, voir le lien suivant :
http://documents.irevues.inist.fr/LATERREETLAVIE_1932_11_642.pdf
Note : Photos de Marc Lebouvier (CNRS UMR 6553 Ecobio université de Rennes 1, programmes IPEV 136 et 1167)
Un article de Flavien Saboureau vient de paraitre : La flore de l’île Amsterdam, état des lieux des connaissances
Voir l’article sur le site de la société botanique d’Occitanie :
https://sbocc.fr/publication/la-flore-de-lile-amsterdam-etat-des-lieux-des-connaissances/
https://sbocc.fr/wp-content/uploads/2023/04/Carnets-botaniques-n%C2%B0137.pdf
Cet état des lieux des connaissances floristiques, avec de nombreuses illustrations originales, est le premier à traiter à la fois des plantes vasculaires, des Bryophytes, des Lichens, des Algues et, dans une moindre mesure, des Champignons lichénicoles non lichénisés et Cyanobactéries. Il prend en compte les résultats des recherches menées depuis trois décennies et le travail de terrain réalisé ces dernières années, et en particulier en 2022.
Transect typique des végétations de l’île Amsterdam.
Photographies de Flavien Saboureau
ACTIVITÉS SCIENTIFIQUES
Les activités scientifiques sont assurées par les VATs
Biologie animale (CEBC, CNRS, Chizé)
Bilogie végétale (Muséum d’Histoire Naturelle de Paris ?)
Magnétisme terrestre (EOPG, CNRS, Strasbourg)
Physico chimie de l’atmosphère (LSCE, CNRS-CEA,
Gif sur Yvette)
Sismologie (EOPG, CNRS, Strasbourg)
ÎLES SAINT-PAUL ET AMSTERDAM
DÉCOUVRIR D’AUTRES SUJETS
REVUES
Nous réalisons chaque année deux revues pour vous informer de nos dernières informations sur la vie de l’association.
PHILATÉLIE
Profitez d’un grand choix de timbres mis à jour chaque année par nos passionnées en philatélie. Une boutique est disponible.
BIBLIO-POLAIRE
Nous vous proposons un ensemble de livres pour découvrir l’univers de l’antarctique sous tous les genres littéraires.