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La station Météorologique

Introduction

Par sa position géographique, l'archipel des Kerguelen présentait un très grand intérêt pour l'installation d'une station météorologique devant participer au réseau météorologique mondial. Aussi est-ce dès la première mission d'études venue à Kerguelen en 1949 que fut commencée la mise en place de la station météorologique de Port-Aux-Français.

Cette station, primitivement implantée sur la base même, fut transférée au plateau en décembre 1964.

A la station d'observation du temps en surface des premières années vint s'associer très rapidement une station d'observation en altitude.

Compte tenu du grand intérêt de ces mesures en altitude dans cette région du globe, on équipa cette station, à partir de 1960, d'un radar Cotal à poursuite automatique, très précis pour ce genre de mesures (mesure de vent d'abord, puis mesure du vent et température ensuite).

Eugène Olari dans le radar Cotal

Eugène Olari dans le radar Cotal (Photo Bernard Lamy)

Les premiers résultats de ces mesures conduisirent la Météorologie Nationale à développer ces sondages dans un but de recherche sur la circulation atmosphérique dans la troposphère et la basse stratosphère au-dessus de cette région.

On procéda alors :

  • au lancement, l'hiver des ballons d'un point situé en amont du vent pour gagner de l'altitude (Port Jeanne d'Arc)
  • à l'amélioration de la portée du radar Cotal (140 km actuellement, mais encore insuffisante pendant cinq mois de l'année)
  • au remplacement progressif des sondes de température classiques par des sondes à thermistances (utilisées tous les jours pour la première fois cette année)
  • à l'utilisation de ballons de plus en plus performants (certains ballons utilisés à titre d'essai cette année sont capables d'atteindre plus de 45 km d'altitude)
Le mur pare-vent sur le plateau

Le mur pare-vent sur le plateau

Ces mesures sont d'autant plus intéressantes qu'une station semblable existe déjà au Centre de Recherches Météorologiques de Magny-les-Hameaux, situé sensiblement à la latitude symétrique de Port-Aux-Français par rapport à l'équateur. Ceci permet de chercher des corrélations sur la circulation atmosphérique entre ces deux points du globe.

Aussi, actuellement, la station météorologique de Port-Aux-Français s'est vu confier une double tâche :

  • d'abord, participer par ses observations en surface et en altitude au réseau météorologique mondial
  • ensuite mener à bien un programme de recherches en effectuant des mesures très précises de vent et de température jusqu'aux plus hautes altitudes possibles.
Voyons d'abord en quoi consiste cette participation au réseau météorologique mondial.

Pour commencer, il y a lieu de préciser que, dans l'état actuel de la science météorologique, il est indispensable de disposer d'un grand nombre d'observations faites à heure fixe par des stations les plus rapprochées possibles les unes des autres. Cet ensemble de stations constitue le réseau météorologique mondial.

La station météorologique de PAF doit donc pour sa part effectuer impérativement tous les jours sans exception une observation en surface toutes les trois heures de 6 heures à 24 heures (heure locale), et un sondage de vent et de température en altitude à 9 heures.

Ces résultats, présentés sous la forme d'un code international, sont transmis par la station radio à la Météo de la Réunion, qui, à son tour, les achemine dans les 30 minutes qui suivent vers le centre de diffusion intercontinentale (Nairobi en l'occurrence).

Quelles sont ces informations diffusées à l'échelon mondial ?

Tout d'abord, nous avons les observations en surface. En plus des enregistrements des éléments atmosphériques, (pression, température, humidité, etc... ) le météorologiste est tenu d'effectuer des mesures directes ou des estimations (nébulosité du ciel, visibilité etc...).

Ainsi, toutes ces informations transmises se rapportent :

  • à la nébulosité du ciel
  • à la direction et à la vitesse du vent
  • à la visibilité
  • au temps présent au moment de l'observation et au temps passé depuis quelques heures
  • à la pression atmosphérique
  • à la température et à l'humidité
  • à la tendance barométrique
  • aux précipitations (neige, grésil, etc ...)
  • aux extrêmes de température

Lancement de ballon derrière le mur pare-vent

Henri Pereyron, Jean Boudigue

Ollari, Blanc, Sassin, Girard, Pereyron, Pontier

Par ailleurs, à des fins climatologiques, d'autres observations complémentaires sont effectuées plusieurs fois par jour (température dans le sol par exemple).

Ensuite, en ce qui concerne les résultats des mesures en altitude, on transmet toujours selon un code international les données correspondant aux variations de vent et de température en altitude, ainsi que des données à certains niveaux obligatoires.

Le programme de recherches en altitude

Voyons maintenant en quoi consiste le programme de recherches sur la circulation atmosphérique en altitude.

On essaie de concilier les impératifs de participation au réseau avec ceux de la recherche. Ainsi, le sondage quotidien du matin dans le cadre du programme de recherches doit être "poussé" le plus haut possible (25 à 28 km en hiver et 30 à 35 km en été). Tout sondage n'atteignant pas cette altitude doit être recommencé. En outre, tout sondage présentant une particularité quelconque, en vent et en température, est recommencé pour étude de ces particularités. Les forts courants de vent bien caractérisés (jet) que l'on rencontre généralement vers 8 à 10 km d'altitude font également l'objet d'une série de sondages rapprochés dans le temps.

Pendant l'hiver, les sondages de vent et de température sont très intéressants pour déceler dans la basse stratosphère les fameux phénomènes de "réchauffements explosifs", encore mal connus, et observés pour la première fois dans l'hémisphère nord en 1957. Il s'agit d'un fort accroissement de la température en quelques heures, lié à une décroissance du courant de vent d'Ouest, ou même rotation de ce vent au secteur Est. Au début et à la fin de l'été, on étudie également le renversement du régime de vent en altitude. En été, le courant d'Ouest est surmonté au delà de 20 km d'un courant de vent d'Est. Entre ces deux régimes se trouve une couche tampon de vents calmes, faisant l'objet d'étude de variation diurne (présence de brises liées au mouvement apparent du soleil).

A quoi servent tous ces résultats ?

La météorologie étant une science basée principalement sur l'observation (on n'a pu que très peu expérimenter en météorologie), il importe que l'investigation soit très poussée afin d'essayer de définir des "lois" qui régissent notre atmosphère. Dans l'immédiat, les renseignements quotidiens transmis servent à l'élaboration des cartes synoptiques du temps, base de la prévision moderne. Ce sont ces analyses effectuées par la Météo de la Réunion, pour notre région, qui nous sont communiquées tous les jours, et nous permettent de faire des prévisions sur PAF avec d'autres renseignements reçus des satellites météorologiques, ainsi que des observations reçues directement de Crozet et de Marion.

Depuis ces dernières années, l'observation du temps a fait un bond prodigieux grâce à la mise en service des satellites météorologiques. Dans un très proche avenir, de nombreuses stations seront équipées de récepteur de satellites... Peut-être même Port-Aux-Français, toujours en raison de son emplacement géographique de choix, permettant de recevoir des photos jusqu'aux environs du pôle Sud.

Les résultats de ces travaux de recherches permettent principalement d'améliorer nos connaissances sur la circulation générale de l'atmosphère (transfert d'énergie, évolution des masses d'air, etc...). Ils sont dans l'immédiat utilisés à des fins de prévision à longue échéance. Un retour précoce des vents d'Est en altitude, par exemple, correspond à un été chaud en général.

En conclusion

Ainsi, pour conclure, nous voyons que, comme pour toutes les autres sciences, toutes ces mesures effectuées actuellement à PAF devraient contribuer à longue échéance à mieux connaître le milieu atmosphérique dans lequel nous vivons, et, partant de là, à mieux en connaître l'évolution dont devrait découler une meilleure prévision de ce "temps qu'il fera demain".


Les Météos

C'est Jean Boudigue, le chef Météo, qui a écrit cet article. Il est décédé en 1997. Il aura fait quatre missions à Kerguelen en 1968, 72, 78 et 80.

Outre son principal métier, il aura participé de bon cœur à l'animation des fêtes en étant chanteur parmi les "Boeufs", serveur au restaurant lors de la Mid-Winter, participé au "Quitte ou Double", où à la fête du Père-Cent en costume pour la fête de la bière.

L'équipe Météo était composée de météos purs et durs venant de la maison mère, dont certains ont fait plusieurs hivernages comme Alfred Sassin, qui a été Chef Météo à son tour, André Girard, Claude Le Balier, Georges Pontier, le reporter photographe de la mission.

Eugène Ollari, Claude Le Balier, André Girard, Alfred Sassin

Jacques Lafille chef de la Centrale, Les météos: André Girard (ker68, Ker70) et Georges Pontier, Gérard Maille le Mépré

André Girard

Claude Le Balier

L'équipe météo intégrait un personnel externe comme l'Adjudant de l'Armée de l'air Eugène Ollari radariste du Cotal suiveur de ballon météo, merveilleux chanteur de chansons Corse et Henri Pereyron, danseur de French CanCan à ses heures..., et philatéliste qui continuera dans de hautes fonctions administratives au niveau des TAAF puis dans d'autres administrations.

Eugène Ollari accompagné par Pierre Ferret

Gérard Caussidéry, Henri Pereyron, Georges Nguyen Xuan Hop


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