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Le laboratoire d'Algologie

Introduction

Récemment installée à Kerguelen, l'algologie est pourtant une science relativement ancienne. Dès 1840 en effet, un botaniste de l'Antarctique Expédition, dirigée par James Ross, avait récolté 36 espèces d'algues marines.

Actuellement, parmi les très nombreuses espèces recensées (environ 150), seules une dizaine font l'objet d'études suivies : observations des variations de végétation en différents points déterminés; les stations phénologiques.

Les études

Une étude complémentaire biologique et biochimique est effectuée en laboratoire, en parallèle avec l'enregistrement des facteurs extérieurs susceptibles d'expliquer les changements de végétation observés.

JC Boitel (BioMar) et JF Murail (Algologie)

Jean Claude Boitel (BioMar) et Jean François Murail (Algologie)

Gérard Cuvellier  (Algologie)

Gérard Cuvellier (Algologie)

L'étude commence donc sur le terrain par un recensement général en des points particuliers de la côte; c'est la zonation. Un croquis de la station est effectué, définissant le profil de la côte, puis des échantillons sont prélevés et leur emplacement noté en fonction de leur position sur l'étage littoral. Ces algues seront ensuite suivies pendant l'année, à intervalles réguliers, afin d'observer leur disparition éventuelle, leur période de fertilité et leur croissance.

Cette étude de croissance se porte surtout sur les macrocystis et les durvilléas. Ces dernières ayant l'aspect de longues lanières brunâtres fixées sur les rochers par un stipe (tige) muni d'un disque de fixation, sont accessibles à marée basse. Les macrocystis forment d'immenses herbiers. Elles se caractérisent par des folioles (feuilles) surnageant grâce aux flotteurs, eux-mêmes portés par une lanière s'accrochant au fond de la mer par des crampons ramifiés (haptère). Ces algues sont les plus grandes du monde, et ont une longueur moyenne comprise entre 30 et 50 mètres. Des algues du même ordre font l'objet d'exploitation industrielle. On peut en effet en extraire des sels de Potassium, de l'iode et de l'acide alginique.

Macrocystis

Macrocystis (Photo Robert Rivière)

Durvilléas

Durvilléas (Photo Robert Rivière)

Cet acide est plus particulièrement extrait au laboratoire, à partir de durvilléas qui sont d'une récolte beaucoup plus facile.

A partir d'algues préalablement séchées, réduites en poudre et calcinées, on effectue le dosage d'éléments minéraux (chlorures, calcium, magnésium) simultanément avec la teneur en eau. On cherche ensuite à effectuer une corrélation entre ces études biologiques et biochimiques et les variations chimiques du milieu de vie des algues.

Pour les facteurs physiques, l'éclairement global est enregistré, c'est-à-dire le rayonnement direct du soleil et la totalité du rayonnement de la voûte céleste; ainsi que la température de la surface des rochers à l'aide de sondes thermorésistantes étagées dans la zone de balancement des marées. Comme il semble apparaître que l'étagement de la végétation sur le littoral est en relation avec la marée, les temps d'immersion de ces diverses zones sont enregistrés.

Les facteurs chimiques sont essentiellement étudiés sur l'eau de mer qui est prélevée en différentes stations (au large de la pointe Guite et Suhm, dans la Passe Royale et dans les fosses de la baie). Ces prélèvements sont effectués à des profondeurs standard depuis la surface jusqu'au fond, à l'aide de bouteilles hydrologiques à renversement, qui indiquent en même temps la température de l'eau à l'endroit de la prise d'échantillon; le PH (potentiel hydrogène) et le RH (potentiel d'oxy-réduction) sont pris dès que possible; la salinité est ensuite déterminée à partir d'un dosage de chlorures, ainsi que la teneur de chaque échantillon en phosphates et nitrates.

Le cycle de vie des algues, soit la reproduction, est effectué en laboratoire. La reproduction des algues est le plus souvent sexuée; elles possèdent alors, depuis la formation du "zygote" (œuf formé par l'union d'un gamète mâle et d'un gamète femelle) jusqu'à la production de nouveaux gamètes, un cycle sexué régulier souvent accompagné d'une alternance de générations. Une génération d'individus gamétophytes (producteurs de gamètes) va donner par l'union de ces gamètes des zygotes. La germination de ces zygotes va donner une génération de sporophytes (producteurs de spores organes non sexués); ces sporophytes pouvant être morphologiquement semblables ou différents des gamétophytes, vont redonner par germination les gamétophytes initiaux.

Il peut aussi y avoir une reproduction végétative, soit par bouturage, soit par cellules plus ou moins différentiées qui redonnent la plante mère, sans intervention d'organes sexués. Cette reproduction végétative peut s'additionner au cycle sexué ou le remplacer complètement.

Nombreux sont ceux qui ont entendu parler de la possibilité de nourrir l'homme avec des algues. Cette éventualité n'est cependant pas pour demain, mais peut-être pour après-demain. Quelques pays en effet comptent déjà les algues au rang de nourriture journalière; mais pour l'instant, les algues n'ont donné lieu qu'à quelques applications, essentiellement à l'industrie alimentaire (gelées de fruits, flans...)


Le labo était tenu par Gérard Cuvellier et Jean-François Murail.

Cette activité consacrée à l'algologie était dirigée par René Delépine, maître de conférence à l'Université de paris VI.

Gérard Cuvellier, Algologue et saxophoniste de l’orchestre de Port-aux-Français, de retour en métropole, s’orientera vers l'enseignement supérieur et la recherche.

Tout d'abord au sein de l'ENSIA de Massy (École nationale supérieure des industries agricoles et alimentaires) dans le sud de la région Parisienne, maître de conférences. Puis reviendra vers sa terre natale et après un doctorat en biologie moléculaire au sein de l'Université d'Artois. Il sera Enseignant-Chercheur dans le domaine de l'agro-alimentaire. Il sera titulaire de la chaire de Brasserie et il y créera un master licence pro brasserie. Puis au sein de cette faculté deviendra directeur des études puis directeur adjoint de la Faculté des Sciences de l'Université d'Artois.

Jean-François Murail, après l'hivernage restera dans le monde de l'algologie avec René Delépine au sein du Muséum National d'Histoire d'Naturelle (MNHM). Il participera donc à de nombreuses recherches dans ce domaine dans plusieurs campagnes d'été en 1970/1971, 1975/1976, et aussi sur l'île Heard. Puis, son goût pour l'informatique lui permettra de développer, en tant qu'ingénieur de recherche, l'informatisation des Collections du Muséum. Collections, très anciennes puisque constituées dès l'année 1636. La base de données comporte une dizaine de millions de documents de toutes sortes nécessitant une gestion particulière liée à leur nature.

Quelques photos de bons moments en 1968

Balade à Baie Larose.
Gérard Cuvellier sur la couchette supérieure en compagnie Christian Vitiello au premier plan, Bernard Lamy, Louis Caille
(Photo Jean-Claude Boitel)

Jean-François Murail à la guitare durant la Mid-Winter
avec Daniel Delille, Jean-Paul Zimmermann, Jean-Claude Boitel et Gérard Ardiloé.


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