La station 'Aurores et Ciel Nocturne'
AURORES GENERALITES
Lorsque les atomes (protons), expulsés du soleil atteignent la thermosphère (90 à 400 Km d'altitude) à des vitesses supérieures 10.000 km/s, ils entrent en collision avec les molécules et les atomes constituant la haute atmosphère. Un des effets les plus remarquables est la luminescence engendrée donnant lieu aux aurores polaires. Cette manifestation aurorale, qui se présente surtout aux latitudes élevées, atteint, dans le cas de paroxysme, les latitudes moyennes.
Au fond, les deux "Cinoc", Marius Kerhom et Jean Paul Zimmerman
et au premier plan, Claude Froment en visite au labo
Les aurores se présentent sous divers aspects (voile, arcs, bandes); les manifestations les plus spectaculaires se présentent sous la forme de rayons, draperies et couronnes.
La distribution spatiale du phénomène se présente de la manière suivante :
En général maximum entre 100 et 110 Km d'altitude sur une épaisseur moyenne de 50 Km. Le minimum peut atteindre 70 Km et le maximum, dans le cas de rayons, 800 à 1000 Km d'altitude.
Les observations visuelles et photographiques des aurores apportent ainsi une contribution intéressante à notre connaissance de l'atmosphère supérieure, car elles mettent déjà en évidence l'existence de molécules et d'atomes au moins jusqu'à 1000 Km. En outre elles permettent d'étudier l'action des particules émises par le soleil, par une analyse statistique des variations diurnes annuelles et de la distribution géographique.
Pour exécuter ces observations, nous disposons d'un photomètre détecteur d'aurores, d'une caméra panoramique 35 mm, le tout étant complété par des observations visuelles qualitatives et quantitatives.
N.B.: Le phénomène auroral a été observé depuis la plus haute antiquité (Aristote, Pline et Sénèque).
LUMINESCENCE NOCTURNE - GENERALITES
La lumière nocturne n'est pas due essentiellement à la lumière des étoiles, mais à une luminosité propre à l'atmosphère. L'analyse de la lueur nocturne est plus difficile que celle des aurores, car son intensité est beaucoup plus faible. Elle a permis néanmoins d'obtenir des renseignements d'une extrême importance sur la constitution de la haute atmosphère. Surtout sur des transitions interdites d'éléments connus tels que : l'oxygène, l'azote et l'hydrogène.
Pour exécuter des observations, nous disposons d'un photomètre analysant la lueur nocturne au moyen de différents filtres interférentiels centrés sur des émissions de longueurs d'ondes lumineuses caractéristiques, et d'un photomultiplicateur d'électrons.
Jean Paul Zimmerman nettoie le miroir de son photomètre |
Zim le Cinoc vérifie les enregistreurs |
L'observation des aurores et du ciel nocturne commence environ une heure après le coucher du soleil et se termine environ une heure avant son lever.
N.B.: Ne pas confondre CINOC, discipline scientifique, et SINOC, maladie mentale à caractère hallucinatoire.
Symptômes : Tendance à prendre la nuit pour le jour et vice-versa. En cas de crise, le patient voit des aurores.
Remèdes : Dépouillo-thérapie (Technique du dépouillement).
- A Kerguelen : Un jour par mois à titre préventif
- Après l'hivernage : stage de trois mois pour guérison complète (Les cures ne sont pas remboursées par la Sécurité Sociale).
Quelques compléments sur les "cinocs"
Les "Cinocs" travaillent la nuit et dorment le jour. Ce sont eux qui interrompent les séances de cinéma tardives pour nous informer qu'il y a une aurore au-dessus de nos têtes.
Il y a deux Cinocs, Zim et Marius. Marius Kerhom est un pur breton. Il a un autre métier, il a été aumônier des marins pêcheurs pendant quelques dizaines d'années à bord des bateaux de pêche, et désormais il continue sa vocation parmi nous. Il veille sur tous les hommes, à la bonne entente et à leur santé morale. C'est un ancien de la douzième mission en 1962 et de la quatorzième. C'est un homme chaleureux et intègre, doté d'une forte personnalité, d'ailleurs très attachante. C'est le plus âgés d’entre nous.
Marius Kerhom entouré du Ltd Capuno-Troisi et de Jean-Claude Bousquet
le jour de l'inauguration de la 18ème avenue.
La chapelle, seul bâtiment en dur sur l'île.
Zim (Jean-Paul Zimmermann) a aussi d'autres métiers, il est barman à Port aux Français, chanteur de chansons, animateur, musicien... Il est partout, vraiment partout dans tous les groupes qui se sont formés. Son vocalulaire imagé de titi parisien laisse des traces dans nos têtes.
Lorsqu'il le peut, il aime bien changer d'air.
Zim le Cinoc à la pêche à la truite dans la rivière du Studer
Jean-Zimmerman, au début de sa vie professionnelle, est un électro-mécanicien embauché par Nord-Aviation en 1960 sur les prototypes de missiles Sol-Sol, Sol-Air, et autres. Ce sont des engins de haute technologie, qui peuvent passionner un jeune sorti de l'école. Seulement Jean-Paul, au bout de quelques années, aspire à quitter ce milieu particulier où certains engins sont capables de percer 1 mètre de béton ferraillé.
Une occasion se présente. JC.Charraut de Nord-Aviation en partance pour Terre-Adélie, le présente à M.Fafiotte ancien de (Ker10 1959~1960) et de retour en 1963 de la 13ème mission en Terre Adélie (TA13) dans laquelle il s'est occupé de la station du "Ciel Nocturne".
A l'époque, l'étude du "Ciel Nocturne" est géré par l'IAP (Institut d'Astrophysique de Paris). Les équipements spécifiques, comme les photomètres, camera panoramique etc.., sont conçus et réalisés dans les labos et l'atelier de l'institut.
L'IAP a besoin de techniciens et Jean-Paul se fait embaucher sur contrat par l'ADOP (Association pour le développement de l'Observatoire de Paris).
Au sein de ce milieu scientifique, en relation avec les Expéditions Polaires Paul-Emile Victor, Jean-Paul rencontre ceux qui reviennent ou partent en Terre Adélie ou dans les îles Australes pour s'occuper des stations du "Ciel Nocturne".
Ainsi, des gars comme S.Seillan (TA10), C.Doucet(TA11, TA14), P.Leclerq (TA16, Ker12, Ker64), JC.Charraut (TA15), M.Saulodes (TA15) racontent leurs aventures et, bien sûr, communiquent le virus à Jean-Paul. Il postule pour la 18ème mission aux îles Kerguelen dont la mission première est l'observation visuelle des aurores et la maintenance des instruments de la station. Pendant la campagne d'été il participe au déménagement et à la mise en place sur le plateau d'une nouvelle camera panoramique et de tout l'appareillage de la station du "Ciel Nocturne".
A son retour, Jean-Paul n'a pas l'intention de devenir un permanent des expéditions lointaines de longue durée qui risquent de perturber la vie de la famille qu'il a constituée.
En 1975, il entre officiellement au CNRS où il deviendra cadre technique à l'Institut d'Astrophysique de Paris.
Il fera cependant des courts séjours à travers le monde qui lui laisseront de sacrés souvenirs:
- 1978 - Kerguelen, installation du photomètre automatique à la pointe Suzanne (campagne d'été)
- 1981 - Chili, ESO (observatoire Européen Hemisphère sud)observation du disque de l'étoile Bêta Pictoris
- 1987 - Tamanrasset, plateau de l'Assekrem dans le Hoggar, Tahiti observation de la queue « poussiéreuse » de la comète de Halley
- 1990 - Belomorsk, au bord de la mer Blanche en URSS pour une observation d'éclipse totale
- 1991 - Hawaï, CFH (observatoire Canada France Hawaï) Maunakea observation d'une éclipse totale
Photo réalisée par JP Zimmermann
- 1994 - Chili Putre (sur l'altiplano) observation d'une éclipse totale
- 1998 - Guadeloupe, observation d'une éclipse totale
Pour en revenir à notre mission, Zim le Cinoc sera aussi très présent lors des sorties en mer Biomar, Algo,« manips moutons », une fois les moutons rabattus dans un parc, il tond, il coupe les queues des agneaux, etc...
Zim coupe la queue d'un agneau. Si c'est bien fait, il parait que ça ne fait pas mal,
et la pince cautérise l'opération.
Zim en train de tondre un mouton. La laine n'est pas récupérable et sera brûlée.
