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La mission du Service Scientifique

Introduction

Le Service Scientifique à Port-Aux-Français, auquel il faut adjoindre l'antenne météorologique, bien qu'elle ne lui soit pas rattachée administrativement, mais qui s'y intègre tout naturellement de par ses préoccupations aéronomiques, comprend bon an mal an, une trentaine de personnes réparties cette année en 14 laboratoires ou ateliers.

On peut distinguer trois centres d’intérêt principaux dans les études qui sont menées ici :

  1. Géophysique externe, c'est-à-dire relative à l'environnement terrestre

    1. les Rayons Cosmiques
    2. le Magnétisme Terrestre
    3. l'Optique Atmosphérique
    4. les Corrélations Magnétiques
    5. la Ionosphère
    6. le Ciel Nocturne
    7. la Météorologie
    8. les Faibles Radioactivités auxquels il faut adjoindre la manip de réception du Bruit Atmosphérique
  2. Géophysique interne, c'est-à-dire relative à la constitution interne ou superficielle du globe terrestre

    1. la Sismologie

    (la géologie, glaciologie, et la géodésie n'étaient pas représentées à la 18ème mission. Et l'hydrologie fluviale, était encore à l'état embryonnaire cette année.)

  3. Sciences naturelles

    1. la Biologie Marine
    2. l'Algologie
    3. l'Ornithologie encore embryonnaire

    La botanique, l'ichtyologie et la mammalogie n'étaient pas représentés cette année

Parallèlement à ces laboratoires, trois sections du service sont à la disposition, non seulement de l'équipe scientifique, mais de l'ensemble de la mission. Il s'agit :

  • De l'atelier de mécanique de précision
  • Du service de distribution des signaux horaires
  • De l'atelier magasin d'électronique générale qui se charge de la maintenance des appareils électroniques.

Si les deux premières sections sont bien localisées, la fonction dépannage en électronique est diffuse dans le service scientifique, puisque les appareils de contrôle, les pièces détachées et les électroniciens sont répartis dans les divers laboratoires.

Les laboratoires, à l'exclusion des ateliers, sont en collaboration étroite avec les laboratoires métropolitains (CEA, CNET, GRI, Faculté des Sciences de Paris, de Rennes, etc... ) avec lesquels ils échangent, par l'intermédiaire de la Direction des laboratoires scientifiques des TAAF, des messages de résultats dans un sens, de consignes dans l'autre.

La plupart des laboratoires ici fonctionnent en observatoire, c'est-à-dire que leur mission est d'accumuler des résultats suivant un protocole bien défini, sans interruption si possible (ce qui implique un dépannage instantané des appareils s'il y a lieu).

Un dépouillement sommaire, qui a lieu sur place, généralement sur un rythme quotidien, permet aux organismes métropolitains de suivre les phénomènes étudiés en temps réel, ce qui est impensable dans le cadre de disciplines à caractère prévisionnel.

APPLICATIONS DES DISCIPLINES ETUDIEES

On pourra voir, dans les articles qui suivent, les diverses applications des disciplines étudiées à Port-Aux-Français.

Pour la géophysique interne, la plus riche en applications technologiques, il n'est besoin que de citer les quatre grandes méthodes de prospection géophysique du sous-sol :

  • Sismique
  • Magnétique
  • Électrique
  • Gravimétrique

Il y a aussi un aspect recherche fondamentale (c'est-à-dire, par définition, sans applications visibles actuellement) auquel s'intègrent les travaux concernant la structure profonde du globe par exemple. Il y a aussi un aspect prévisionnel (prévision des séismes, etc...)

La géophysique externe, déroutante par la complexité des modèles mathématiques et des moyens technologiques mis en oeuvre (satellites, fusées, appareils coûteux... ) apparaît presque exclusivement comme une discipline prévisionnelle, dont le parangon est la météorologie pour le proche environnement terrestre. Depuis de nombreuses années déjà, les prévisions qu'elle permet rendent de grands services dans les domaines des transmissions, de la navigation, de la défense nationale (problème de brouillage des échos radar...).

Elle est un outil de choix pour une meilleure connaissance du plasma naturel, état ionisé de la matière, que l'on sait mal maîtriser en laboratoire, mais qui permettra à l'homme de disposer dans quelques décades d'une source illimitée d'énergie, grâce au générateur à fusion nucléaire. Des applications technologiques permises par la connaissance de l'ionosphère, sont le radar à longue portée et les satellites de télécommunication. L'électronique, bien sûr, n'est pas étrangère à ces réalisations.

Quant aux sciences naturelles, elles contribuent toutes - sauf les sciences de la terre - à la solution du problème fondamental de la vie. L'un des aspects de ce problème, qu'il est intéressant d'étudier plus précisément à Kerguelen, est l'adaptation aux conditions climatiques et à l'isolement biologique (mécanisme de régulation thermique chez les animaux supérieurs, adaptation de la microfaune au climat, vie végétative des algues dans un milieu physiquement et chimiquement déterminé).

Les applications pratiques sont évidentes, bien que pas immédiatement envisageables : découverte d'antibiotiques nouveaux (avec beaucoup de chance!), exploitation d'une usine pilote d'acide alginique (déjà plus réaliste), fertilisation des sols par ensemencement bactérien...

CORRELATION ENTRE DISCIPLINES

Il va de soi qu'il est difficile de corréler à priori l'algologie et le magnétisme terrestre. Néanmoins, une influence très nette de la climatologie, beaucoup plus incertaine des paramètres géophysiques, peut être mise en évidence sur les phénomènes relevant des sciences de la vie.

La géophysique interne, si l'on s'en tient à la sismologie, est indépendante, au premier ordre près, de ce qui peut se passer au-dessus de la surface terrestre (penser cependant à l'influence de l'hydrosphère et de l'atmosphère sur l'agitation microséismique). La dépendance est plus marquée - mais n'est pas étudiée ici - entre courants telluriques et champ magnétique externe par exemple.

Mais par contre, la multiplicité des manips de géophysique externe à PAF se prète particulièrement à l'étude des corrélations, par ailleurs très marquées, entre les diverses grandeurs mesurées. Matériellement, ces interactions sont suivies sur un tableau dit de "corrélations", où la production locale de résultats est consignée quantitativement, heure par heure (mais pas en temps réel), et confrontée avec les événements solaires observés par les observatoires du monde entier.

Le rôle directeur que joue le soleil dans tous les phénomènes de l'exosphère rend indispensable une collaboration des géophysiciens et des astronomes, et la mise sur pied, à l'échelle mondiale, d'un réseau de distribution d'informations.

SITUATION DE LA SECTION DE KERGUELEN DANS LE RESEAU MONDIAL

Le schéma ci-joint, très sommaire, situe assez bien la station de Kerguelen dans son contexte. Il faut remarquer toutefois qu'il n'intéresse que des phénomènes solaires, ou produits dans l'exosphère. Un réseau analogue, mais moins complexe, serait à décrire pour la sismologie.

Schéma sommaire des interactions d'organismes scientifico-Logistiques s'intéressant à la GEOPHYSIQUE

(Seules les fonctions de l'IUWDS ont été décrites complètement)

Organismes scientifico-Logistiques

Un message en code URSI journalier, résumant succinctement la production locale, est expédié à Meudon: l'URSIKER. De cet Ursiker sont extraits les codes décrivant les phénomènes les plus intéressants. La même chose est faite par tous les observatoires astronomiques et géophysiques d'Europe et d'Afrique, en relation avec le RWC de Meudon. Le tout est consigné dans un message reçu ici journellement, en code Ursi, l'Ursigramme.

C'est la seule source d'information relative aux phénomènes solaires dont nous disposions pour tenir à jour le tableau de corrélation. Celui-ci, remis en fin de mission au RWC de Meudon, permet à celui-ci de préciser les corrélations entre phénomènes, ce qui, d'année en année, amène une amélioration des prévisions géophysiques. Celles-ci donnent lieu à des messages journaliers dits Géosol du RWC, et à des émissions du WWA pouvant éventuellement déclencher une alerte (se traduisant par des enregistrements plus détaillés dans les divers laboratoires de géophysique externes).

Ces alertes, ainsi que le calendrier des jours et des intervalles mondiaux du WWA transmis en début de mission (sauf pour les intervalles trospectifs), ont ainsi modifié cette année le rythme du GRI, des CORREL, du MAGNE, du RAYCO et de la METEO.

Détail des relations de Kerguelen avec l'IUWDS

Les laboratoires de dépannage ont de plus ajouté leur propre alerte. Ceci, joint aux surprises désagréables causées par les pannes d'appareil, engendre dans le service scientifique une cadence de travail extrêmement irrégulière.

Il est permis cependant de se demander à quoi sert tout ce travail, toutes ces dépenses apparemment à fonds perdus. Il n'est pas de notre propos de faire le procès de la recherche. Et d'ailleurs, si l'on se met en quête de la fin ultime de chaque chose, on se retrouve généralement très embarrassé. A quoi sert de construire, par exemple, alors que les bédouins sont si bien sous leur tente, et les gitans dans leur roulotte ?

L’intérêt présenté par le site même de Kerguelen est certain pour la géophysique. C'est tout d'abord un point du réseau de stations au milieu d'un océan, où justement le réseau est assez lâche. Les perturbations artificielles (pour les sciences naturelles et la géophysique) y sont rares et assez intenses. Elles existent cependant : pollution humaine, interactions Radio-GRI, secteur Correl, courants telluriques... Enfin, la présence d'une station géophysique (Sograh) en URSS, précisément au point conjugué de Kerguelen, renforce l’intérêt de nos laboratoires.

L'avenir de Kerguelen - qui n'est sûrement pas minime ni pétrolier - laisse entrevoir la possibilité d'en faire un centre de prévision, grâce à l'introduction d'un ordinateur, permettant d'envisager des expériences plus ambitieuses (tirs de fusées, télémesures par satellites...).

Il n'est plus interdit d'envisager la création d'une usine pilote pour l'extraction d'acide alginique, ce qui ne rentabiliserait bien évidemment pas les missions, mais engendrerait sans doute un profit marginal non négligeable.

Mais l'avenir de Kerguelen est intimement lié à celui de la recherche en France, et la non rentabilité à brève échéance des recherches menées ici fait de l'évolution de notre station un baromètre particulièrement sensible à l'atmosphère politique française.

Explication des sigles du schéma

FAGS Service de la Fédération Astronomique et Géophysique
SPARMO Organisation de l'Enregistrement des Particules et Rayonnement Solaire
COSPAR Comité de Recherche Spatiale
CIG Comité International de Géophysique
SCAR Comité Spécial de Recherche Antarctique
WMO Organisation Mondiale Météorologique
IUCSTP Commission mixte de la Physique Terrestro-Solaire
IQSY Comité des Années Internationales du Soleil Calme
IGY Comité de l'Année Géophysique Internationale
URSI Union Radio-Scientifique Internationale
IAU Union Internationale Astronomique
IUGG Union Internationale Géodésique et Géophysique
IWDS Service International des Jours Mondiaux
IUWDS Service International des Jours Mondiaux et des Ursigrammes
WWA Agence Mondiale de Prévision
RWC Centre Régional de Prévisions

Le chef scientifique

Jean-Bernard Storet, qui a rédigé cet article, est Polytechnicien, ingénieur des Mines. Il a validé dans la foulée deux doctorats. Il sera toujours présent dans les diverses fêtes. Il a dansé le French Cancan avec nous lors du spectacle de la Mid-Winter. Il aime le judo et la trampoline. Après cette mission, il se dirigera vers la recherche et malheureusement décédera relativement jeune en 1988.

Incendie du labo RACEA

JB Storet au premier plan le jour de l'incendie du labo du RACEA
(Photo Jean-Claude Boitel)

JB Storet Judo

JB Storet à gauche avec les judokas de la mission>
(Photo Daniel Delille)

JB Storet

Prêt pour le défilé d'ouverture de la 18ème Avenue,
avec une partie de son équipe.
J.Schmitt, B.Lamy, Y.Boncompain, JB.Storet, L.Caille, F.Blanc, G.Perraut
(Photo Robert Rivière)

JB Storet Judo

Les GRI-bells girls avec Jean-Bernard Storet à gauche et
G.Caussidéry, J.Nègre, A.Malot, H.Peyeron, R.Pétinot
J.Bulle en meneuse de revue
(Photo Jean-Paul Zimmermann)


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