Introduction

A Kerguelen, seules sont effectuées les transmissions de sons (téléphonie) et d'écrits (télégraphie).
En fonction des distances à couvrir, les moyens techniques utilisés varient de la manière suivante :

• Moins de 10 km autour de PAF : téléphonie classique par fil.
• De 10 à 100 km autour de PAF : radiotéléphonie de petite puissance.
• Au delà de 100 km de PAF : radiotéléphonie et radiotélégraphie de moyenne et grande puissance.

Actuellement, après 18 années d'évolution constante, le centre de télécommunication de Kerguelen est en passe de devenir un centre modèle par la variété et la qualité de ses équipements.

Le bâtiment central de PAF partagé par la Radio et la Météo (Photo Robert Rivière)

QUELQUES DATES

1949	Installation de la première mission dotée d'un équipement de transmission semi-fixe d'un type classique utilisé, dans les unités militaires : émetteurs BC 610 de 400 Watts et récepteurs BC312
1958	En raison de l'accroissement du trafic, des moyens plus puissants sont nécessaires, et un émetteur 'CSF ET485' de 5 KW est débarqué. Kerguelen devient le noeud des télécommunications françaises dans l'Antarctique et draine vers la métropole le trafic de tous les districts. Les messages familiaux passent de 25 à 50 mots par semaine.
1962	Mise en service régulier de l'émetteur de 5 kw.
1963	Arrivée des premiers téléimprimeurs, et construction du champ d'antennes losanges de réception.
1964	Construction de l'infrastructure du champ d'antennes losanges "Émission" sur la colline Gabrielle.
1965	Mise en service régulier des liaisons radio télétypes avec la métropole et la Nouvelle Amsterdam. Mise en place du réseau téléphonique de PAF. Extension de l'émetteur de 5 Kw: passage de deux à quatre cabines. Les messages familiaux passent de 50 mots à 75 mots.
1966	Mise en service régulier de la liaison radio télétype avec la base australienne de Mawson.
1967	Montage des antennes losanges "Émissions" de la colline Gabrielle.
1968	Mise en service régulier des liaisons radio télétypes avec Terre Adélie et la Réunion. Établissement de la première liaison radio téléphonique Crozet-Paris relayée par Kerguelen. Construction du nouveau centre émetteur radio de la colline Gabrielle. Montage et mise en service d'un émetteur à bandes latérales indépendantes CSF type EB435 de 35 Kw. Mise en place d'un dispositif de correction automatique d'erreurs (Siemens ARQ 1a) sur la liaison télétype Kerguelen-Métropole.

1949 Émetteur BC 610

1949 Récepteur BC 312

LES EQUIPEMENTS ACTUELS

Téléphonie par fil :	un autocommutateur Crossbar Ericson à 60 directions permettant 5 communications simultanées.
Radiocommunications "petites distances" :	deux émetteurs-récepteurs à bande latérale unique de 30 watts, CSF type CM 720. deux émetteurs-récepteurs de 0,1 Watt Telerad type E.R. 0,I T. un émetteur-récepteur V.H.F. de 1 Watt Telerad Type E.R. 1T.
Radiocommunications "moyennes et grandes puissances" : Récepteur CSF type RF 520 (Photo Bertrand Velle)	deux émetteurs B.C. 610 de 400 Watts un émetteur CSF ET485 de 5 KW à 4 cabines un émetteur CSF EB435 de 35 KW à bandes latérales indépendantes trois récepteurs AME type 7G 1680 (gamme continue) deux récepteurs CSF type RT545 (une fréquence fixe) deux récepteurs CSF type RF520 (six fréquences fixes) deux récepteurs CSF type RS560 (gamme continue) quatre téléimprimeurs "Teletype 28" un correcteur automatique d'erreurs Siemens type ARQ1a

1968 Maurice Bontemps devant les récepteurs AME 7G

A tous ces équipements, il y a lieu d'ajouter un lot assez important d'appareils de mesure pour les réglages et la maintenance.

A l'exception des émetteurs récepteurs "petites distances" qui fonctionnent sur antennes "fouet" omnidirectionnelles, les équipements de transmissions "moyennes et grandes distances" fonctionnent sur antennes "losanges" orientées, dans les directions utiles. Ces antennes ont la particularité de concentrer l'énergie radio-électrique, à la manière d'un projecteur, dans la direction du grand axe du losange.

Le champ d'antennes du Centre d'émission (Photo Robert Rivière)

LE TRAFIC RADIO

Le trafic radio a nécessité en 1968 la transmission d'environ 60 millions de caractères (il y a lieu de considérer qu'en matière de transmission télétype, l'espacement entre deux mots correspond à un caractère "blanc") dont 85% par voie télétype et 15% par voie télégraphique.

Maurice Bontemps au manip (Photo G.Caussidéry)

Michel Léonard sur les télétypes (Photo G.Caussidéry)

Les informations correspondantes comprenaient des :

• Messages officiels (administratifs, scientifiques, techniques) : 26%
• Messages météo (observations, prévisions, sondages) : 52%
• Messages familiaux : 20%
• Messages de service et presse : 2%

Le tout nécessita environ 7300 heures/homme de travail, y compris le temps de préparation des bandes télétype, ce qui représenta sensiblement 20 heures/homme-jour

Le trafic est organisé en réseaux d'exploitation. D'une manière très simplifiée, on peut dire que les communications de Kerguelen sont organisées en deux réseaux :

• Réseau numéro 1 : liaisons avec la Métropole
• Réseau numéro 2 : liaisons avec l'Antarctique et l'océan Indien.

Les correspondants réguliers de Kerguelen sont :

• Paris Defnat (Défense Nationale) : liaisons télétypes quotidiennes
• Paris PTT (centre de liaisons radio téléphoniques) : liaisons téléphoniques bimensuelles
• Terre Adélie : liaisons télétypes et télégraphiques
• Crozet : liaisons télétypes et télégraphiques
• La Réunion (météo) : liaisons télétypes
• La Réunion (subdivision militaire) : liaisons télégraphiques
• Tananarive (PTT) : liaisons télégraphiques
• Mawson (Antarctique) : liaisons télétypes

ÉVOLUTION PRÉVISIBLE À COURT TERME

Il faut entendre par là, l'évolution au cours des années 1969 et 1970. L'élément essentiel sera la disparition totale, en service régulier, des liaisons télégraphiques et leur remplacement par des liaisons télétypes. La télégraphie sera utilisée exclusivement en secours, lorsque, pour une raison ou une autre, l'exploitation télétype s’avérera impossible.

Par ailleurs, la protection contre les mutilations de caractères sera fortement améliorée sur les communications avec la Métropole, où on espère obtenir un taux d'erreurs inférieur à 1/100000.

Enfin, en matière de radiotéléphonie, Kerguelen devrait jouer un rôle qu'il a déjà en télégraphie, c'est-à-dire devenir le relais obligé des communications avec la France.

L'évolution à long terme, quant à elle, est étroitement liée à l'évolution tout court de Kerguelen, et de ce fait il est hasardeux de la préjuger. Ce qui est certain dans l'instant présent, c'est que les moyens de télécommunications de Kerguelen se sont, ces dernières années, développés un peu plus rapidement que les besoins réels ne l'exigeaient. Espérons qu'il en sera toujours ainsi, car c'est actuellement le seul lien qui nous relie au monde extérieur.

Les Adjudants Chefs Maurice Bontemps et Joseph Gongassian (Radios)

Une partie de l'équipe Radio de Port-aux-Français lors de Mid-Winter
Paul Mugneret technicien radio qui a installé l'émetteur 35 KW, et les radios Maurice Bontemps, Joseph Gongassian, et Michel Léonard