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Haraker N°1 - Avril Mai 1968

  LE SILENCE

Je suis déjà allé, par une nuit sans vent,
Un peu me promener sous le clair de lune,
Selon ma fantaisie, n'importe où droit devant;
Songeant que pour cela on donne fortune !

Mes amis, faites-le, vous en serez ravis,
Car ces terres inhospitalières ont un charme.
La nuit à peine est-elle venue, plus rien ne vit,
Les oiseaux dorment, sur la base plus de vacarme.

Il suffit alors de vous asseoir et rêver,
Au gré des souvenirs doucement réfléchir,
Et on peut à loisir, dans ce calme, observer
Tout ce qui fait nous-même, et on se sent grandir.

Songer un peu comment ici passent les jours,
Monotones ! Non pas même, on se contente de peu,
Bien que cela semble durer depuis toujours
On ne peut dire que nous sommes malheureux.

Certes, du passé nous sommes isolés,
La musique, un livre, nous apporte les loisirs.
Mais de toute autre chose nous sentons nous volés !
Eh bien, il ne me semble pas ici moisir

Comme on le dit souvent de ces gens isolés,
Que l'on voit vivre tranquilles au bord de l'eau.
C'est là, je pense, la leçon la plus sage
Que je tirerais de mes jours sur ce plateau,

D'où je vois chaque jour, au travers des nuages,
La silhouette de cette curieuse
Où chacun, en un lieu, s'affaire pour nous tous,
Et garde tout le temps une mine rieuse,

Quand à l'heure du repos nous nous retrouvons tous.
C'est là une chose que je trouve très belle,
Découvrir en chacun le meilleur de lui même,
Des gens simples, des fenêtres sans rideaux ni dentelles,

De vivre dans ce groupe que nous formons nous-même
Où chaque homme à tous est égal tout le temps;
Puissais-je de cela me souvenir longtemps.

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